Secours Populaire : des ailes pour ceux que les vacances oublient

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Les congés payés ont 70 ans. Entre 1936, où il était presque incroyable de pouvoir se reposer tout en étant payé et 2006 où les loisirs sont devenus pour beaucoup un art de vivre, un grand pas a été franchi, qui laisse pourtant beaucoup d’entre nous très loin de la plage. Un enfant sur 3 et 40% des adultes sont encore privés de vacances. Pour eux, le Secours Populaire Français lance une grande campagne baptisée « Les vacances, ce n’est pas du luxe».

Une mobilisation historique

Un an avant la naissance officielle du Secours Populaire Français, en 1945, le Secours Populaire de France sort de la clandestinité à laquelle était contrainte la Résistance pendant la guerre et organise sa première action de vacances, offrant à 200 enfants de déportés et de fusillés un séjour à La Bourboule, en Auvergne. L’année suivante, ce sont 600 enfants qui partiront en Forêt Noire.

Depuis, c’est-à-dire depuis toujours, le Secours Populaire Français fait du droit aux vacances l’un de ses combats phares. Car, nous précise Christophe Auxerre, secrétaire national du SPF, « les vacances, ce n’est pas un supplément d’âme. C’est une nécessité pour se ressourcer loin de ses soucis quotidiens et revenir chez soi mieux armé pour affronter ses problèmes ». Seulement voilà, cela fait des années que la précarité s’installe, touchant même des gens qui travaillent et ne peuvent pas se loger, ceux que l’on appelle les « travailleurs pauvres ». Et les enquêtes menées par l’Insee révèlent que le nombre des laissés pour compte va croissant par rapport à la dernière décennie.

Des vacances en dehors de chez soi

Concrètement, le Secours Populaire Français collecte des moyens financiers. Les vacances, ça coûte cher et c’est bien ce qui explique qu’elles soient les premières sacrifiées quand les gros soucis de gestion apparaissent. L’organisation part aussi à la chasse de places dans les colonies de vacances, travaillant beaucoup pour cela avec les comités d’entreprises. Il y a aussi les collectes pour faire partir des familles en vacances, parce que ces temps de repos sont aussi le moyen de se retrouver ensemble, détendus, et de partager pour un temps autre chose que la galère.

 Pour cela, le Secours Populaire Français travaille en partenariat avec des centres familiaux de vacances ou encore achète des caravanes mises à la disposition des plus démunis dans certains campings. Et puis il y a aussi la possibilité, pour certains, de prendre un enfant de plus en vacances, un copain supplémentaire pour les enfants. « Il faut créer une mobilisation générale. Tout le monde peut s’impliquer pour que les choses changent. Dans son immeuble, dans les écoles, tout le monde sait qui part, qui ne part pas. Et c’est terrible pour un enfant qui n’est pas parti, la rentrée… Le moment où l’enseignant va demander aux élèves de raconter ses vacances. Celui qui n’est pas parti regardera ses chaussures » commente Christophe Auxerre.

Une situation inacceptable pour le Secours Populaire

Mais au Secours Populaire Français, on ne baisse pas les bras, ce n’est pas le genre de la maison. Alors on multiplie les actions. Pour le week-end de l’Ascension, 300 personnes de milieux défavorisés sont parties à Deauville, en partenariat avec la SNCF. Logée à l’hôtel, cette mère de famille précise : « C’est la première fois que j’ai l’eau courante ».

 Difficile à croire, et pourtant… Alors, parce que l’on sait qu’un enfant qui n’est pas parti à l’échéance du 15 août ne partira plus, le SPF organise aussi, chaque année depuis 1979, la « Journée des Oubliés des Vacances » et y invite également des enfants étrangers. Cette année, ce sera le 22 août à Trouville.

Autre temps fort de la campagne « Les vacances, ce n’est pas du luxe », la réédition des cahiers « Le dire pour agir » que les bénévoles de l’association vont faire circuler et qui permettront à chacun de donner son témoignage sur des thèmes aussi différents que « Les vacances, ça me manque », « Ne pas partir en vacances, ça me met en colère », « J’ai peur de partir en vacances parce que… » ou « Mes meilleures vacances, c’était… ». Le moyen de recueillir et de laisser s’exprimer le sentiment d’injustice, la tristesse mais aussi la joie de ceux qui, par exemple, ont fait partie des bénéficiaires de l’association il y a vingt ou trente ans et sont aujourd’hui devenus bénévoles à leur tour.

La solidarité a de l’avenir

Les vacances, pour essentielles qu’elles soient, ne sont qu’un maillon de la grande chaîne de solidarité que le Secours Populaire Français fait vivre tout autour de la planète, avec une affection particulière pour ce mot « populaire », un joli mot qui rassemble tout le monde, riches et moins riches.

 Et si le SPF constate que la pauvreté change de visage (chômeurs bien sûr mais aussi jeunes, sans papiers, mères seules avec leurs enfants, personnes âgées en difficulté, travailleurs trop peu payés pour pouvoir se loger), il n’est pas tant question de subvenir aux besoins essentiels de chacun que de redonner à chacun sa dignité. Et cela passe d’abord par du temps, de l’écoute, un frigo rempli de temps en temps, un musée que l’on va visiter, bref, une solidarité à la carte qui permet à chacun de se sentir quelqu’un.

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