Julia Vignali, une maman très comédienne

CM : Pensez-vous que l’on en fait trop pour nos enfants en général ?

Quand on se sent obligé de faire quelque chose, là c’est trop. Et chacun a ses propres limites. Mais ce n’est pas évident pour moi qui ai le cadeau facile. Alors je fais attention de ne pas le gâter à l’excès. Je vais céder sur un magazine avec son jouet, mais pour le reste, j’attendrai l’anniversaire ou Noël. Ce qui m’agace au plus haut point, ce sont ces parents quifonctionnent en mode compétition. Leur enfant est toujours le premier qui marche, celui qui a des dents avant les autres, qui prend des cours d’anglais dès les premières années. Avec Luigi, je ne suis pas tout le temps en mode moteur. C’est lui qui choisit de faire ce qu’il souhaite pendant ses activités périscolaires. Il aura le temps, à l’âge adulte, de se confronter aux autres.

CM : Avez-vous reproduit les mêmes « bêtises » que vos parents ?

Petite, j’avais l’impression de ne pas avoir droit au chapitre. Mes parents n’étaient pas sévères, mais pas non plus adeptes de Dolto. A la maison, il y a plus de dialogues, plus de négociations. Je pense que c’est une question de génération.

CM : Quelle enfance avez-vous eue ?

Je suis née à Paris et j’ai été élevée en banlieue, dans une cité HLM de la SNCF. Un environnement pas super favorisé. Aînée d’une fratrie de trois enfants, j’ai trois ans et demi d’écart avec ma petite sœur et quatorze avec mon frère. Mes parents passaient beaucoup de temps dans les transports pour aller travailler. Ce sont des assistantes maternelles qui prenaient le relais. Et même si nous étions aimés, cela n’a pas été la meilleure période de ma vie. A 5 ans déjà, j’avais compris que ce n’était pas forcément « l’éclate » là où j’habitais et qu’il y avait sans doute des endroits plus cool ailleurs. J’ai de la chance de pouvoir offrir à mon fils un autre cadre de vie.

CM : Vous révoltez-vous contre le phénomène de l’enfant roi ?

Dans la vraie vie, on ne peut pas arriver et dire poussez-vous. L’attitude de ces parents qui cèdent à tout et induisent ce comportement m’agace. Ils finissent pas être débordés et s’en plaignent. Peut-être est-ce parce qu’ils ne trouvent pas leur place ou un trop d’amour mal dirigé. Mais au final ce sont les enfants qui en souffrent. Les aimer, ce n’est pas tout leur donner mais de savoir les faire descendre de leur trône.