«Des princesses aux jolies dames»
« Alice a toujours aimé se déguiser et se maquiller. En princesse bien sûr. Je me souviens de son premier costume de Belle au Bois Dormant. Elle n’avait que 3 ans et demi. Une profusion de dentelle, de tulle, de satin…. Et ce jusque dans le détail avec des gants, un diadème, des chaussures assorties et brillantes. Elle se trouvait très belle dans sa magnifique robe et tous les accessoires, quel que soit l’activité du moment. Elle se costumait tout le temps et « empruntait » mon maquillage, pour jouer à la poupée, à la dînette, regarder la télévision. Et même encore aujourd’hui, lors de son dernier anniversaire, toutes ses copines et elle ont pioché dans la malle à vêtements où j’ai rangé, chapeaux, sautoirs, robes des années 60/70, escarpins à talon, que j’ai gardé et qui me viennent de ma mère.
Mais la donne a changé, elle se déguise maintenant en petite dame. Avec Mathias, rien de tel. Contrairement à sa sœur qui a dû avoir une bonne dizaine de déguisements, seules deux panoplies de cow-boy et de Spider Man, l’ont intéressé. Tous les ans, quand arrivait la période Halloween, c’était l’horreur pour lui. Impossible de l’emmener au centre aéré. Masques, squelettes, le terrifiaient. Idem avec le père Noël. On n’a jamais pu faire de photo. Je pense que tout ce qui est irréel, ne le rassure pas. Aujourd’hui encore c’est en enfant relativement peureux, voire angoissé ».
Valérie, 46 ans, maman d’Alice, 11 ans et Mathias, 9 ans.
« Le preux chevalier »
« Quand je regarde mes deux garçons, c’est le jour et la nuit. Si Mohamed, l’aîné, a toujours détesté se déguiser. A 3 ans et demi, quand nous lui avons offert tout l’attirail de Spider Man, il s’est senti ridicule dans sa combinaison. « Suis pas beau », a-t-il aussitôt exprimé. Pourtant, ce n’est pas un petit garçon qui accorde de l’importance à son apparence. Il s’en moque complètement et pourrait sortir de la maison avec le pantalon de travers, des couleurs qui ne vont pas ensemble.
Tout le contraire de son jeune frère, Billal, un vrai dandy, une fashion victime qui aime aussi se costumer. Après tous les super héros des dessins animés est venu le temps de chevaliers. Bouclier, épée, armure, il possède la panoplie complète et combat les dragons et les monstres. Je ne l’explique pas. Car dans la vie il n’est pas bagarreur. Est-ce son côté défense de la veuve et de l’orphelin ? Sans doute, car à l’école il est très attentif aux autres, c’est toujours le premier à rendre service, à aider une petite fille autiste, à prendre soin d’elle. Il a d’ailleurs beaucoup de succès auprès de la gent féminine. Quant aux deux dernières, c’est princesses à tout va. Robe, diadème, chaussures à talons… Mais avec le vernis à ongles qui déborde sur tous les doigts, le rouge à lèvres en guise de fard à paupières, elles ressemblent plus à des clowns qu’à des princesses ».
Touria, 40 ans, maman de Si Mohamed, 8 ans, Billal, 6 ans et demi, Ilhame, 5 ans et demi et Myriam, 3 ans.
« Entre princesses et lolitas gothiques »
L’aînée, Maëlle n’était pas une grande adepte des déguisements. Elle n’en avait qu’un seul de fée. Un cadeau de sa grand-mère, qui restait souvent dans le placard et qu’elle ressortait quand ses petites copines venaient à la maison. Il n’a plus servi depuis presque quatre ans.
Enora, c’est tout l’inverse. Mais elle est plus artiste, plus extravertie que sa soeur. Elle dessine beaucoup, va à l’école du cirque. Très régulièrement, elle se plonge dans son monde imaginaire où les princesses et les Monster High alternent. Quand elle endosse le costume de ces lolitas gothiques, elle joue à fond le jeu. C’est musique adéquate sur Internet, danses et chorégraphies à leur image. Un phénomène de mimétisme en somme puisqu’elle possède presque toute la collection de ces poupées. Et tant que cela reste de l’ordre du jeu, sans maquillage et à la maison, je laisse faire. Il sera temps, plus tard, qu’elle se confronte à la réalité de la vie. J’avoue la préférer en princesse. Et là c’est tout un art. Elle se regarde dans la glace, vérifie que le diadème est bien droit, que les boucles d’oreilles sont comme il faut. Et elle se trouve très jolie ».
Anne, 37 ans, maman de Maëlle 11 ans et demi et d’Enora, 8 ans.
« Trois caractères, trois comportements »
« A l’âge de 7 ans, Léon a laissé tomber ses costumes de chevaliers. Finies les aventures historiques au cœur des châteaux forts. Lucien, lui, continue de plus belle. Petit, il aimait adopter la tenue d’un clown ou se travestir en femme. Aujourd’hui encore, quand il joue avec Violette, il chausse des talons hauts, se coiffe avec des perruques afros colorées, et porte de grosses lunettes flashy. Pour lui, c’est un jeu, une façon sans doute d’extérioriser ses côtés féminins. Cela l’amuse de voir ce que c’est que d’être une fille.
La petite, elle, c’est danseuses, princesses et compagnie, un monde féérique. Quand elle endosse le costume de Flamenco, ou de danseuse étoile, elle virevolte, et s’observe dans le reflet des fenêtres. Elle va aussi prendre mes vêtements et jouer à la maman. Leurs comportements correspondent tout à fait à leurs caractères si différents. Léon est plutôt traditionnel, monochrome. Lucien c’est le farfelu, l’artiste adepte du multicolore. Quant à Violette c’est une vraie fille, maternelle qui, je pense, cherche à se démarquer de ses frères. ».
Alexandra, 42 ans, maman de Léon, 17 ans, Lucien, 14 ans et Violette 8 ans.
« Il m’a demandé un tutu bleu »
« La dernière fois qu’Alexandre s’est déguisé, c’était lors du Carnaval, il a deux ans. Alors que tous ses copains étaient en super héros, lui, je ne sais pas pourquoi car cela ne lui ressemble pas, a voulu la jouer décalé, avec une perruque blonde et un chapeau. Résultat : tout le monde s’est moqué. Depuis, vexé, il n’a plus voulu se travestir. Petit, pourtant, il a eu sa période Spider Man, Power Rangers et lapin pompier.
Clément, se déguise pour un oui ou un non, mélange robe de princesse, cotte de maille. Il ne manque pas d’imagination. Un jour, quand il allait en cours de danse, il m’a réclamé un tutu bleu, mais pas rose, car ce sont les filles qui en portent Quand il s’habille le matin, il est dans le délire total. Si je le laissais faire, il partirait avec un tee-shirt rouge, un sweat vert pomme et un pantalon turquoise. Son grand frère, question vêtements, c’est sobriété oblige, il ne faut surtout pas se faire remarquer! »
Réjane, 41 ans, maman d’Alexandre, 11 ans, Clément, 6 ans.
« Je l’oriente »
« Depuis l’âge de deux ans, Matthieu adore se déguiser. Cow- boy, pirate, accessoires féminins et masculins, divers et variés, tout y passe. Hier, par exemple, il avait mis un chapeau d’oiseau et des lunettes de soleil pour jouer au base-ball. En hiver, ce n’est jamais un problème pour lui faire porter un bonnet. Il aime aussi partager. Dernièrement il a habillé son frère avec une robe de princesse et des ailes piquées à Louise. Il a toute une malle de déguisements et d’objets à sa disposition que j’ai volontairement orientée garçon. C’est mon côté traditionnel.
Avec Louise, je n’ai pas eu à intervenir car elle a toujours été très fille. Ses préférences : les princesses et les indiennes, avec force accessoires dans les cheveux. Quant à Pierre, il est encore trop petit, toutefois, il était très content quand son frère l’a déguisé. Ce qui laisse augurer de la suite… ».
Julie, 32 ans, maman de Louise, 7 ans, Matthieu, 4 ans et Pierre 18 mois.
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