Anti-natalité : donner la vie, un crime écologique

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Croisant désormais sous l’étendard de l’écologie, les mouvements anti-natalité rabâchent inlassablement le même discours : si nous n’arrêtons pas de faire des enfants, nous serons bientôt trop nombreux sur la planète !

Les mouvements anti-natalité se multiplient. Vaguement proches des exigences portées par les écologistes, certains ont même tenté d’influencer le sommet de Copenhague. Argument : la surpopulation entraînerait une hausse importante des émissions de CO2… Des affirmations loin d’être prouvées et qui n’ont finalement pas été retenues.

Les enfants de Thomas Malthus

Le mouvement anti-natalité repose sur un principe simple : la Terre, et plus certainement la société, n’est pas capable de supporter une population trop importante d’êtres humains, il faut donc, si ce n’est la réduire, veiller à ce qu’elle n’augmente plus ! Et donc, ne plus faire d’enfants. A bas la famille nombreuse !

 

La théorie est largement inspirée de l’Essai sur le principe de population de Thomas Malthus, publié en 1845. L’écrivain constate que le nombre d’êtres humains s’accroit beaucoup plus rapidement que le nombre de ressources. Les guerres faisant de moins en moins office de sélection naturelle, il faut limiter les naissances, et pour ce faire proposer une politique anti-nataliste mondiale.

Famille nombreuse = délit écologique

En 2009, la peur écologique a ravivé la flamme : les humains sont trop nombreux et la planète ne suffit plus. Sur fond d’opposition entre pays développés et pays pauvres (dans un pays occidental, un enfant génèrerait le même impact écologique que 12 burkinabais), des groupes se forment pour défendre notre mère nourricière.

 

Pour le site militant notre-planete.info, tout pacte écologique doit sous-tendre l’idée d’un pacte anti-natalité. Le site dénonce le fait de posséder une famille nombreuse, « un délit environnemental », et souhaite une politique refusant de faire « souffrir et mourir nos frères mammifères », en sacrifiant quelques générations « vouées seulement à un enfant par femme ». Pour parfaire ce tableau New Age semblant déjà sur une autre planète, le site pose un ultimatum au monde : choisir entre l’Homme et Gaïa….

L’anti-natalité au parlement ?

Loin du délire écolo-facho de ces durs rêveurs, des personnalités politiques appuient l’idée d’un contrôle de la démographie afin de ne pas nuire aux ressources épuisables de la Terre. Yves Cochet, député vert européen, a proposé une « grève du troisième ventre ». Le principe : réduire les aides financières à partir du 3ème enfant. Une politique de régulation mondiale proche des mesures appliquées en Inde ou en Chine.

 

Face à ces alarmistes, les experts relativisent : suivant le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernementaux sur l’Evolution du Climat), aucune estimation ne peut encore être sérieusement prise en compte, les paramètres variants (changement du mode de vie, renouvellement des ressources,…) étant trop nombreux. Les calculs relèveraient pour l’instant de la « haute voltige ».

Le lobby malthusien contesté mais pas diminué

Les prévisions de Malthus se sont jusqu’à aujourd’hui révélées fausses : énoncée au milieu du XIXème siècle, sa théorie ne prend pas en compte les transitions démographiques des pays développés, à peine amorcées alors.

 

L’explosion des naissances devrait de plus, finalement ne pas avoir lieu : d’après les experts, la population, estimée aujourd’hui à 6,8 milliards individus, devrait se stabiliser aux alentours de 9,1 milliards en 2050. Aux malthusiens qui dénoncent l’incapacité de la planète à subvenir aux besoins de ces nouveaux habitants, les vrais écologistes répondent que c’est la consommation, donc le mode de vie, qui doit changer.

 

Le lobby malthusien anti-natalité reste fort, aux États-Unis en particulier, où les associations se multiplient. Des groupes qui n’ont pas grand chose à voir avec les rêveurs écologistes cherchant à sauver « nos frères mammifères ». L’International Society of Malthus est par exemple souvent liée au GRB (Accouchement globalement responsable), un groupe religieux dont le programme fantasque est d’interdire aux femmes célibataires de faire des enfants et de stériliser les pères après leur premier enfant. Du grand n’importe quoi.

La fête des non-parents

Plus calme mais pas plus sympathique pour autant, un couple belge a instauré, le 16 mai dernier, la fête des non-parents ! Au programme, remise d’une médaille du mérite écologique, signature du grand livre de la stérilité et bouteilles de vin à volonté (et nos frères les raisins alors ?). Ils espèrent rééditer leur trouvaille l’an prochain à Paris…

 

Les mouvements anti-natalité n’ont qu’un crédo : l’Homme nuit à la planète. Dans son livre L’art de guillotiner les procréateurs, l’écrivain Théophile de Giraud, devenu « leader » involontaire du mouvement, résume bien l’amour porté à l’être humain : « Imaginons à présent que l’être humain disparaisse bel et bien, qui donc demeurera-t-il pour s’en plaindre ? Si l’espèce désire se perpétuer, qu’elle se débrouille sans nous ! »

Il vaudrait mieux, effectivement, ne pas trop compter sur eux.

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