François-Xavier Demaison, un papa à l’écoute

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Le 11 septembre 2001, son univers bascule avec l’attentat du World Trate center. Basé à New York, dans la fiscalité internationale, il quitte tout et revient à ses premières amours : la comédie. Depuis peu, papa d’une petite Sasha et parrain de l’association Le Rire Médecin, le comédien et humoriste n’a pas fini de relever des défis.

Comment et pourquoi vous êtes-vous engagé dans cette association ?

Caroline Simonds, fondatrice et directrice du Rire Médecin, est venue me trouver. Elle a une personnalité très forte et surtout très convaincante. Apporter un peu de rire aux enfants hospitalisés, égayer leur quotidien est une belle cause. Et cela me touche certainement encore plus depuis que je suis papa. Je trouve que c’est un bon trait d’union entre mon travail sur scène et ce monde bien gris.

Concrètement, quelles sont vos actions sur le terrain ?

J’apporte surtout un coup de projecteur sur l’association en participant à des événements. Le but étant de collecter un maximum de fonds et de sensibiliser les médias. Prochainement, une grande soirée de gala à laquelle je vais participer, va être organisée. Pour le moment, je n’ai pas encore eu le temps d’aller dans les hôpitaux, mais c’est prévu.

Que pensez-vous de la famille en général ?

Nous formons une vraie tribu. Avec mon frère, mes sœurs et mes parents, on s’appelle, on se voit, on se fait des câlins (rires). J’essaie de reproduire le schéma avec ma femme et Sasha. On se retrouve souvent autour d’une grande table à huit ou dix. J’ai la chance d’avoir une grande famille qui me renforce, où je me sens bien et où je recharge mes batteries.

Quel genre de papa êtes-vous ?

Un papa qui aimerait être plus présent… Toujours sur les routes et en dehors de Paris, je souffre beaucoup de ces absences. Alors, quand je suis avec ma fille, je compense en affection, j’oublie mes soucis, mon stress pour aller vers elle dans son univers et je l’écoute.

Comment élevez-vous Sasha ?

Elle s’élève toute seule dans un univers rempli d’affection. Elle est tellement sympa. À 4 ans, elle comprend tout. On va au théâtre, au restaurant, au parc. Le dimanche et le lundi soir, jours de relâche, j’assure le rituel du coucher et l’on se raconte plein d’histoires. Sasha a beaucoup voyagé, elle est passée de bras en bras, elle n’a jamais été dans les jupes de sa mère ou de son père. C’est une petite fille, la première de la famille, très aimée et entourée.

Avez-vous des principes moraux, d’éducation ?

Pour l’instant pas vraiment. Même si j’essaie de lui apprendre les petits principes de base comme savoir dire « bonjour », « s’il vous plait », ou « merci », ne pas être égoïste et accepter de prêter ses jouets.

Pensez-vous que l’on en fait trop pour ses enfants ?

On n’en fait jamais assez. J’aime bien cette génération de pères qui s’occupent de leurs enfants. Ils sont plus dans l’affectif, moins dans le rôle traditionnel du pater d’autrefois.

Avez-vous reproduit les mêmes « bêtises » que vos parents ?

Ils nous ont couvés et je fais la même chose avec ma fille. Seul l’avenir me dira si j’ai eu raison ou pas. Élever un enfant c’est un équilibre difficile à trouver. On ne sait pas où mettre le curseur.

Quelle enfance avez-vous eue ?

Une enfance classique dans une famille nombreuse, en banlieue parisienne, dans une maison avec deux parents qui travaillaient, un frère et deux soeurs. On jouait ensemble, on s’inventait des mondes, comme tous les gosses. Nous partions souvent en voyage. C’était bien, mais je ne garde pas un souvenir ému de l’enfance. Je ne suis pas nostalgique de cette période. J’avais hâte d’être grand. En fait, je crois que je m’ennuyais un peu. J’avais l’impression d’être dans l’antichambre de quelque chose qui allait arriver. J’ai beaucoup travaillé dans mes études, pour faire plaisir à mes parents, alors que, dans le fond, j’étais un artiste. Et aujourd’hui, à 38 ans, je suis bien plus heureux qu’avant. Quand je vois des copains qui se sont éclatés pendant leur adolescence et qui rament maintenant, je me dis que le présent est peut-être la résultante de tout cela… Le choc de 2001 a ravivé la flamme et m’a permis de rebondir et de partir enfin sur mes rêves d’enfant.

Vous révoltez-vous contre le phénomène de l’enfant-roi ?

Je n’aime pas les enfants mal élevés. Et je ne supporte pas d’être squatté, surtout le soir pendant les vacances, quand nous partons avec des copains. Il y a l’heure des enfants et l’heure des parents. Ok pour me lever tôt le matin, mais la soirée c’est sacré. Je pense qu’il faut savoir être autoritaire pour ne pas se faire marcher dessus par des bouts de choux de 5 ans. Le reste ne me dérange pas. Je préfère un enfant-roi à un enfant en manque d’amour. Mais je n’ai pas de leçon à donner. Chacun fait comme il peut, en fonction de ce qu’il ressent et de son propre enfant. Le gâter va peut-être lui donner le goût des bonnes choses ou au contraire le pourrir. Je ne sais pas.

Que souhaitez-vous transmettre à votre fille ?

L’ouverture sur un monde à multi facettes. Il y a tellement de cultures, d’horizons différents et pas seulement ce que l’on voit par le bout de sa lorgnette. La tolérance, l’ouverture, la compréhension et le respect de l’autre sont de belles valeurs. J’aimerais aussi qu’elle comprenne que rien n’est jamais acquis.

Avec du recul que feriez-vous ou au contraire ?

J’ai trop souvent été absent. Voilà surtout ce que je me reproche. Et j’ai bien l’intention de lever le pied et de profiter de Sasha au maximum. Elle grandit si vite. Quand elle me regarde avec ses grands yeux et me dit : « Je veux que tu restes papa. Pourquoi tu travailles trop », cela me fend le cœur.

Les enfants ont-ils évolué ?

Difficile de faire des généralités. C’est en fonction de chacun.

Qu’est-ce qui vous révolte aujourd’hui ?

Le manque de civisme. Les déséquilibres économiques avec les pays riches d’un côté et les pays pauvres de l’autre. Je rêve d’une société plus douce. Le monde me paraît tellement injuste, lourd et violent. Et quand on a des enfants cela fait peur.

Quel est le rôle des grands-parents ?

Contrairement aux parents, ils peuvent céder, s’autoriser une certaine faiblesse. Ils sont aussi un lien réel qui permet aux enfants de mieux nous comprendre. Les quatre sont très présents et Sasha les adore. Quand elle est chez eux, ils font ce qu’ils veulent et je ne m’en mêle pas.

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