Ces hommes qui prennent un congé parental

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Qui sont ces pères qui arrêtent de travailler ?

Bonne nouvelle : les pères n’ont pas attendu la réforme pour commencer à s’investir davantage auprès de leurs enfants. En 2000, 2% des congés parentaux étaient pris par des hommes, contre 3,5% aujourd’hui. La loi ne devrait donc faire qu’amplifer le (micro)phénomène. Mais qui sont donc ces pères, pour l’instant minoritaires ? Toujours selon les statistiques de la CAF, le père en congé parental a en moyenne 37 ans. Il habite plutôt dans l’Ouest ou le Sud-Est de la France. Dans 60% des cas, il gagne moins que sa conjointe, et est salarié à temps partiel.

Ces pères, nous en avons rencontré deux, qui ont accepté de témoigner. Si les raisons qui ont poussé chacun à prendre un congé parental sont très différentes, ils représentent bien ces nouvelles familles modernes qui n’ont pas peur de remettre en question les rôles que la tradition veut leur confier.

Rémi a 35 ans. Il correspond presque en tous points à ce portrait-robot : Commercial dans une société de téléphonie, à Nantes, il travaillait déjà à trois-quarts-temps avant de devenir père. Sa femme, Ludivine, est responsable d’une boutique et son salaire est supérieur à celui de Rémi.
Grégory, quant à lui, est travailleur indépendant. A 31 ans, il vit à Paris avec sa conjointe Sofia. Lui est gestionnaire d’un site de vente en ligne ; elle est graphiste, salariée, et gagne plus que lui.

Rémi, 35 ans.

“La principale raison pour laquelle j’ai décidé de prendre un congé parental est que je voulais m’investir auprès de mon fils. Mon père ne l’a pas fait, et j’ai vraiment ressenti ce manque pendant mon enfance. Je ne voulais pas reproduire la même erreur. Et puis, nous pouvions nous le permettre. Nous l’avons divisé en deux : Ludivine a repris le travail au bout de 6 mois, et j’ai pris la relève pendant un an. J’étais ravi que nous puissions nous occuper nous-même de notre petit bout. Mon travail, ce n’est pas toute ma vie ; Notre fils, oui !

Si j’ai repris le travail au bout d’une année exceptionnelle à voir mon bébé grandir, c’est parce que notre demande de place en crèche a abouti. Financièrement, c’était quand même plus simple pour nous de vivre avec nos deux salaires. Je suis donc retourné au travail, et j’ai évidemment versé ma petite larme en déposant mon fils à la crèche pour la première fois ! Si nous avons un deuxième enfant, je ferai la même chose sans hésiter. Ce congé, c’était vraiment une parenthèse enchantée. Je ne crois pas que j’aurais été un aussi bon père aujourd’hui si je ne l’avais pas pris.”

Grégory, 31 ans.

“Ce qui m’a le plus frappé au début de mon congé parental, c’est les regards pleins d’admiration que me lançaient les gens quand je leur annonçais que non, je n’avais pas pris un RTT, mais un congé pour m’occuper de ma fille. C’est dingue comme les gens estiment que c’est normal pour une femme de stopper sa carrière pour élever un enfant, alors qu’un homme qui fait la même chose passe pour un héro. Un douloureux rappel de notre retard en matière d’égalité !

Bien avant d’envisager d’avoir un enfant, Sofia et moi avions déjà discuté la question. Nous savions que c’est moi qui allait mettre le olà sur ma carrière. Depuis qu’elle a terminé ses études, Sofia bosse comme une dingue pour accéder à un poste où elle s’éclate. C’est très important pour elle, et ça me semble normal de la soutenir. De mon côté, j’adore mon boulot mais étant indépendant, je peux appuyer sur “pause” sans trop d’encombre. Pendant la grossesse, j’ai formé mon assistant pour qu’il me remplace à la naissance de notre petite fille, sans définir de durée à l’avance. Au final, Sofia est très vite retournée travailler, et j’ai pour ma part arrêté pendant deux ans. Je n’ai jamais arrêté totalement : je travaillais de chez moi quand je pouvais, ce qui me faisait du bien car j’avais quand même besoin de rester aux manettes de mon business. Aujourd’hui, notre petite Lou est en maternelle. Et je pense qu’elle a déjà compris que pouponner n’est pas réservé aux garçons, tout comme l’ambition n’est pas une qualité exclusivement masculine.”

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