Smaïn, père et fils

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Ne nous fions pas aux apparences. Sous ses dehors d’éternel grand enfant, enjoué, se cache en fait un homme très pudique, qui fait moins le clown quand il s’agit de parler de sa famille.

Smaïn, un papa attentif

Que pensez-vous de la famille en général ?

C’est un lien, une communauté, un petit monde dans le grand monde. C’est une valeur sûre, mais c’est un long travail, un dur labeur. Pour en arriver là, c’est aujourd’hui presque impossible. Tout explose, tout est recomposé. Et quand, comme moi, on est passé d’un bras à l’autre, d’une odeur à une autre, d’une absence à l’autre, quand on a espéré tant de fois, c’est un peu plus compliqué de construire une famille. Je n’avais pas de schéma, je partais dans l’inconnu. Je n’ai jamais cherché de mère, ce sont elles qui m’ont trouvé.

Quand Kenza est née, quel choc émotionnel intense. Je venais de donner un sens à ma vie, j’avais raccroché le wagon. Les deux suivants ont confirmé Smaïn année zéro.

Quel genre de père êtes-vous ?

Un papa comme les autres, attentif, mais souvent absent. Mes enfants, je les ai habitués. Mais quand je suis présent, je suis vraiment là. Avec Rayane, on se marre, nous faisons beaucoup de grimaces. Il est beau, timide avec les filles, doué au tennis et il portera mon nom. Avec la grande, Kenza, je suis un père plus inquiet. Elle est à un âge difficile où l’on joue avec le feu. Avec forcément la peur de la mauvaise rencontre, de l’accident ou des fréquentations douteuses. Je discute beaucoup avec elle. Quant à Shanaël, la petite, c’est beaucoup plus câlin. Les couches, ce n’est pas ma préoccupation première, mais je sais faire.

Une éducation faite de respect et d’échange

Comment élevez-vous vos enfants ?

Un enfant s’élève tout seul. Les parents sont des guides en observation. Quand Shanaël joue seule dans sa chambre et s’invente des histoires, je n’ai pas envie d’aller la déranger. Elle rêve, tout comme moi quand j’étais petit. Je ne les colle pas, je ne m’agglutine pas. Je les aime profondément, mais je n’en fais pas trop. Ce n’est pas dans mes habitudes. C’est l’héritage de mon passé.

 

Avez-vous des principes moraux, d’éducation ?

La politesse, le respect et l’écoute sont les bases. Respecter c’est admettre la valeur de l’autre. La politesse aussi. Écouter, c’est échanger et gagner beaucoup de temps sur le message que l’on souhaite transmettre, comme les mises en garde, le danger. Je suis également très exigeant sur la propreté, le brossage des dents. En ce moment, c’est la guerre avec mon fils.

 

Pensez-vous que l’on en fait trop pour nos enfants en général ?

Pour les autres je ne sais pas. Pour les miens, non. Mais j’en connais qui sont bien trop excessifs avec leurs enfants. Ils sont beaucoup trop envahissants.

 

Que vous inspire le phénomène de l’enfant-roi ?

C’est triste, mais je ne peux rien y faire. Je trouve que cela les rend imbus et prétentieux. Ils n’ont pas le sens du partage. On en fait des élus, alors que l’enfance c’est une grande cour de récréation. Chaque parent a l’héritage de son passé et des réflexes liés à sa propre histoire. Les miens m’ont appris à être heureux avec si peu.

 

Avez-vous reproduit les mêmes « erreurs » que vos parents ?

Ils en faisaient si peu !

Avoir le temps de transmettre…

Quelle enfance avez-vous eue ?

J’étais un enfant unique, très entouré. Nous vivions à Paris. Malheureusement, cela fut trop bref. J’avais treize ans quand mon père est mort et dix-sept quand ma mère s’en est allée… Ils sont partis trop tôt. Je ne les ai vraiment connus que dix ans, c’est court. Mais je me souviens de maman, c’était une femme très pudique, discrète, effacée. Papa était un homme très aimé dans le quartier. Tout le monde le connaissait. Ils se sentaient responsables au regard de l’assistance publique. D’ailleurs dans mon livre, même si c’est une quête de mes origines, je rends avant tout hommage à mes parents adoptifs qui m’ont aimé.

Que souhaitez-vous transmettre à vos enfants ?

Savoir vivre tout simplement, la curiosité. Être heureux avec rien et se contenter de ce qu’ils ont. Le reste n’est que du rêve. Comme dormir dans un cinq étoiles par exemple. Du jour au lendemain, on peut tout perdre.

 

Avec du recul, que feriez-vous, ou au contraire ?

Il m’arrive parfois de me mettre en colère, surtout avec Rayane qui est un petit garçon très turbulent. Bien que j’aime beaucoup ce côté actif chez lui qui me rappelle l’enfant que j’étais.

 

Les enfants ont-ils évolué ?

Tout va trop vite pour eux. Avec les outils de communication dont ils disposent, ils vivent dans une société de consommation à outrances, dans un système qui s’engonce où il n’y a plus de place pour l’improvisation. J’évite que les miens regardent trop la télévision et ses émissions de télé réalité qui exploitent le rien pour un rien, uniquement pour de l’argent. Je limite les réseaux sociaux… Je préfère de loin la lecture et les balades dans les bois.

 

Qu’est-ce qui vous révolte aujourd’hui ?

L’information où tout est disséqué. On filme les politiques comme la montée des marches à Cannes !

 

Quel est le rôle des grands-parents ?

Ils ont plus d’expérience et sont le lien entre les parents et les enfants. Ils sont très présents et mon beau-père a parfois l’autorité que je n’ai pas. Avec lui, Ryanne ne moufte pas.

Smaïn en librairie

Une belle histoire

Recueilli à l’âge de deux ans, l’humoriste et acteur n’a jamais cessé de rechercher ses origines. En vain. Cette biographie n’est pas une plainte mais une belle histoire chargée de souvenirs, de tendresse, de mélancolie et de show-biz. À cinquante ans et des poussières, Smaïn voulait tourner la page et passer à autre chose. C’est fait !

Je reviens me chercher, Michel Lafon, 17,95€.

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