La place d'un enfant dans la famille

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Longtemps psychologue clinicienne attachée à l’hôpital Saint Vincent de Paul en psychiatrie infantile, Françoise Peille s’est beaucoup intéressée aux questions de filiation. Elle est l’auteur de « Frères et sœurs, chacun cherche sa place » publié chez Hachette Pratique en 2005. Rencontre avec une spécialiste des liens fraternels.Côté Mômes : D’où vous est venu cet intérêt particulier pour la fratrie et le rang de naissance ?
Françoise Peille : Je fais partie d’une famille nombreuse et je suis la dernière. Cela a sans doute joué. Et puis, en tant que psychologue à Saint-Vincent de Paul, je me suis aperçue que le problème des fratries expliquait souvent les problèmes de comportement. Beaucoup de parents venaient pour des troubles du comportement et, quand on creusait un peu avec eux, on s’apercevait que, de façon sous-jacente, il y avait fréquemment des difficultés de relations entre les frères et sœurs même si ce n’était pas au départ le motif de leur consultation.

CM : On dit souvent que les aînés sont sérieux, ambitieux mais aussi angoissés, les cadets diplomates, plus conciliants, les  benjamins créatifs et charmeurs. Etes-vous d’accord avec cela ?
FP : C’est vrai que l’on retrouve ces traits de caractère mais plus que le rang de naissance, qui compte un peu, c’est surtout le vécu qui importe. Par exemple, on dit souvent que l’aîné essuie la névrose parentale, ce qui n’est pas faux… C’est vrai qu’avant l’arrivée du premier, on n’était pas parent, on le devient d’un coup et ce passage du couple à la famille est quelque chose d’assez extraordinaire. Alors, on focalise beaucoup sur le premier enfant, ce qui lui donne une « responsabilité », donc un sens des responsabilités. Mais beaucoup de choses se rejouent dans le vécu et le ressenti des parents. La vraie place qu’a un enfant, c’est celle qu’il a dans le cœur de ses parents ou celle qu’il s’imagine avoir.

CM : On dit souvent que les aînés sont sérieux, ambitieux mais aussi angoissés, les cadets diplomates, plus conciliants, les  benjamins créatifs et charmeurs. Etes-vous d’accord avec cela ?
FP : C’est vrai que l’on retrouve ces traits de caractère mais plus que le rang de naissance, qui compte un peu, c’est surtout le vécu qui importe. Par exemple, on dit souvent que l’aîné essuie la névrose parentale, ce qui n’est pas faux… C’est vrai qu’avant l’arrivée du premier, on n’était pas parent, on le devient d’un coup et ce passage du couple à la famille est quelque chose d’assez extraordinaire. Alors, on focalise beaucoup sur le premier enfant, ce qui lui donne une « responsabilité », donc un sens des responsabilités. Mais beaucoup de choses se rejouent dans le vécu et le ressenti des parents. La vraie place qu’a un enfant, c’est celle qu’il a dans le cœur de ses parents ou celle qu’il s’imagine avoir.

CM : Et dans les familles recomposées, comment l’enfant trouve-t-il sa place ?
FP : C’est assez compliqué, les familles recomposées. Il faut chaque fois chercher l’intérêt de l’enfant et toutes les situations sont différentes. Il y a une chose dont on ne parle pas et c’est bien dommage : très souvent, dans une famille recomposée, l’enfant perd la place qu’il avait dans sa fratrie. D’aîné, il peut devenir dernier et vice versa. Là, c’est un grand bouleversement auquel il faut être attentif parce que tous les avantages de sa position antérieure s’envolent et il faut qu’il trouve de nouveaux repères. 

 
CM : Quelle serait finalement la meilleure place dans une fratrie ?
FP : Je pense qu’il n’y a pas de meilleure place. D’ailleurs, quand on questionne les gens, aucun n’est vraiment content de sa place. Chacune a ses avantages et ses inconvénients… En y réfléchissant, la meilleure place est sans doute celle de petit dernier… Sauf quand ce petit dernier arrive sans être vraiment désiré. En même temps, on dit souvent qu’être l’enfant du milieu n’est pas idéal mais en fait, ce n’est pas si mal de n’être ni le grand ni le petit : d’abord, on a moins la pression parentale, et on peut changer d’alliance en fonction des besoins, se mettre tantôt du côté des grands, tantôt du côté des petits. L’important, en fait, c’est que chaque enfant ait le sentiment d’être unique pour ses parents.

CM : La jalousie, justement, parlons-en. Comment préparer l’arrivée d’un nouvel enfant dans une famille pour que les autres n’en souffrent pas ?
FP : L’arrivé d’un plus petit, surtout quand on était le premier, est un gros bouleversement pour un enfant. On a beau le savoir, on ne le mesure généralement pas assez. Quand un second arrive, tout le monde se réjouit et personne ne pense à dire au premier « c’est bien mais pour toi peut-être pas tout à fait parce que ta maman n’est plus complètement pour toi ?». L’enfant est un peu perdu là-dedans. Il est un peu content mais il ne peut pas raisonner comme un adulte qui se dit que c’est bien pour lui d’avoir un frère ou une sœur. Dans son esprit à lui, c’est un «  voleur d’amour» qui arrive à la maison pour lui prendre sa place ! Un conseil : quand la maman rentre de la clinique avec le nouveau-né, il faut absolument que l’aîné soit là pour l’accueillir et non qu’il revienne après, de chez ses grands-parents par exemple. Il aurait l’impression qu’on l’a remplacé pendant son absence.

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