Le thigh gap, une obsession dangereuse

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L’avis d’un expert

Afin de mesurer l’impact du phénomène au niveau psychique chez les jeunes filles, nous avons recueilli l’avis du docteur Flora Bat-Pitault du service de pédopsychiatrie de l’Hôpital Salvator à Marseille. Spécialiste des troubles du comportement alimentaire, elle met en garde contre ses modèles qui incitent les jeunes filles à s’infliger des régimes drastiques, dangereux à court et à long terme.Avez-vous beaucoup de patientes adolescentes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire liés à l’envie d’avoir un thigh gap ?

Le critère physique en vogue qu’est le thigh gap représente un élément de l’environnement socio-culturel actuel des jeunes filles, qui peut participer au développement d’un trouble du comportement alimentaire. Tout en sachant que la part sociétale et environnementale dans cette maladie tend à faire augmenter seulement les formes naissantes de la maladie, sans faire augmenter significativement le nombre des formes graves. De manière plus pratique, si les jeunes patientes parlent actuellement du thigh gap comme un critère de beauté recherché, les patientes souffrant de trouble du comportement alimentaire évoquent depuis bien avant la médiatisation du thigh gap, ce creux entre les cuisses comme un critère de beauté.

Comment expliquez-vous ce phénomène ? internet et l’effet communautaire participent-ils à amplifier ce phénomène?

Comme un critère de minceur extrême qui existe déjà chez les jeunes filles depuis longtemps, même avant la médiatisation du thigh gap. C’est à rapprocher peut-être d’une image corporelle plus androgyne souvent recherchée par les patientes présentant un trouble du comportement alimentaire. Internet et l’effet communautaire revêtent une importance majeure pour les adolescents et participent bien sûr à amplifier ce phénomène, comme beaucoup d’autres.

À partir de quand parle-t-on de troubles du comportement alimentaire ? Quelles en sont les conséquences sur le corps/la santé d’une adolescente ?

L’anorexie mentale, comme les autres troubles du comportement alimentaire, a une définition précise qui correspond à une restriction alimentaire conduisant à une perte de poids importante pour l’âge et le sexe, à un trouble de la perception corporelle et à une peur intense de prendre du poids. Les conséquences sont celles de la dé

nutrition à court et à long terme, c’està-dire la fatigue, la chute de cheveux, des problèmes dentaires et osseux, la dépression, de possibles troubles cardiaques, un arrêt de croissance staturo-pondérale, l’arrêt des règles et une faiblesse du système immunitaire par rapport aux infections. Dans les cas les plus graves, cela peut également conduire au décès.

Comment doit réagir un parent dont l’adolescente est obsédée par l’apparence, commence un régime ?

Le plus important est de valoriser d’autres aspects de sa personnalité. Identifiez-les avec elle et proposez lui de développer ses domaines de compétence afin qu’elle prenne davantage confiance en elle. Discuter de l’intérêt d’un régime et essayer de proposer plutôt une régulation du comportement alimentaire qui aura de meilleurs résultats.

Quels sont les indices qui peuvent avertir un parent que son adolescent souffre de troubles du comportement alimentaire ? Quelle est la bonne attitude à adopter ?

Plusieurs indices peuvent mettre la puce à l’oreille : – Si votre adolescente commence à restreindre significativement son alimentation de façon quantitative et qu’elle bannit des aliments qu’elle juge « caloriques ». – Si vous remarquez une perte de poids importante et/ou rapide, une insatisfaction corporelle qui persiste malgré la perte de poids. – Si elle n’a plus ses règles, qu’elle se fait vomir, qu’elle saute des repas et ne vient plus à table avec sa famille. La bonne attitude est d’en discuter avec son adolescent, exprimer son inquiétude plutôt que d’entrer en conflit et l’amener à consulter si les difficultés persistent. Des fiches de repérages sont disponibles sur le site de la Haute Autorité de Santé, elles permettent d’augmenter le niveau d’information des parents et des professionnels sur l’anorexie mentale et éventuellement d’entamer le dialogue avec son adolescent.

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