Eduquer ses enfants, l'urgence d'aujourd'hui

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1990

Que dire du livre d’Aldo Naouri ? La tendance dans la presse voudrait qu’on lui fasse un procès en sorcellerie. Le monsieur serait carrément « réac ! » Injure suprême qui a l’insupportable défaut de couper court à tout débat. Alors bien sûr, entre le solide bon sens de médecin de campagne qui pose un diagnostic assez pertinent et les recettes péremptoires parfois, on reste dubitatif.Côté Mômes : Comment expliquez-vous le franc succès que votre livre connaît déjà ?

Aldo Naouri : Je pense que mon livre vient répondre à des questions que les gens se posent. Il y a eu tellement d’informations contradictoires qu’ils ne savent plus quoi penser en matière d’Education. Les gens sont paralysés aujourd’hui par la façon dont on les a amenés à penser l’enfant. Je leur propose de remettre en place l’essentiel.

Eduquer ses enfants, c’est d’abord savoir interdire

CM : Vous dénoncez comme beaucoup d’autres auteurs la perte des valeurs, le culte de l’enfant roi, l’incapacité des parents à dire non… n’y a-t-il pas désormais un quasi consensus sur la question ?

AN :
Si je n’avais fait qu’ajouter de l’information à l’information, ce livre n’aurait pas de succès. Je permets aux parents de retrouver leur place de parents. Je propose de renoncer à l’horizontalisation prônée depuis 3 décennies, par la verticalisation que doivent assumer les parents. On a trop fait croire aux parents que tout passait par le dialogue. On a oublié que le métier de parents consistait aussi à savoir interdire. La deuxième partie de mon livre recueille un ensemble de conseils pratiques pour y parvenir.

 
CM : La nouvelle génération de parents n’a-t-elle pas déjà dépassé ce laxisme que vous dénoncez ?

AN : Hélas non. Si c’était le cas, nous n’aurions pas toutes les dérives que nous connaissons.

Le rôle du père passe par le consentement de la mère

CM : Un aspect de votre livre est assez choquant. Vous y faites un portrait générique d’une mère qui ne penserait qu’avec ses tripes.  Je vous cite : « une mère qui tisserait un utérus virtuel autour de son enfant, extensible à l’infini ». N’est-ce pas caricatural ?

AN : La plupart du temps, les mères se déploient dans une subtilité qui fait que ces choses ne sont pas flagrantes. Mais c’est là !

CM : A l’inverse, vous présentez les pères modernes comme des victimes que les mères excluraient du cercle éducatif. Qu’est-ce qui empêche les pères d’imposer leur rôle ?

AN : Bien sûr, les pères ne sont pas exempts de reproches, mais de toutes les façons, si les pères n’ont pas l’assentiment de la mère pour exercer leur rôle, ce sera destructeur. Quand vous prenez en compte qu’un couple sur deux est divorcé à Paris et un sur trois en France, vous voyez que les pères sont fragilisés, par le simple fait que la mère obtient très largement le droit de garde.

Jusqu’en 1972, la société assurait au père une prérogative qui équilibrait « l’avantage » qu’a la mère de porter l’enfant.
Le père était chef de famille pour ce qui était de la résidence de l’enfant et donc de la famille. Il était donc tenu à son rôle de père par la société. Quand vous avez 79 000 mères élevant des enfants seules en 1969, et qu’elles deviennent 2 500 000 en 2003, il s’est forcément passé quelque chose. Autre exemple, la manière dont on dit aujourd’hui, « je suis contre le mariage », c’est en fait refuser le changement de référent.

En se mariant, on ne se définit plus comme l’enfant de ses parents mais comme le partenaire de son compagnon. Quand on s’exclut d’un rituel comme celui là, cela signifie « je ne veux pas cesser d’être l’enfant de mes parents. » C’est là encore une emprise de l’ascendant maternel sur la société.
 

CM : N’y a-t-il pas chez certain père une pente assez animale qui consiste à préférer chasser, dans tous les sens du terme, que de jouer son rôle ?

AN : Mais dans mon livre, j’assigne au père d’entretenir son rôle auprès de sa femme, en tant que femme. Mais il y a une asymétrie indéniable dans la mesure où l’enfant a un langage commun avec la mère, naturellement, de naissance, alors que ce n’est pas le cas du père. Il dépend donc de la mère de mettre les sous-titres à l’enfant pour que le père puisse prendre sa place.

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