Le Salut par l'école : aide et action, parrainer la scolarité d'un enfant

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Quand l’école est un luxe qu’un peuple peut difficilement se permettre, les humanitaires sont sans doute les seuls à tenter l’impossible, à bousculer les évidences. Parce que savoir rend libre, parce que le chemin est encore long, malgré la mondialisation, d’une justice sociale globale, d’une égalité hommes/femmes qui ouvrira partout les écoles aux petites filles, il faut des éclaireurs pour redonner à l’avenir les lueurs d’espérance qui feront qu’on ne lui tournera pas le dos. La scolarisation des enfants des pays défavorisés progresse, mail elle progresse lentement. Près de 80 millions d’enfants n’ont pas du tout accès à l’école dans le monde. Plus d’un milliard ne finissent pas le cycle primaire. A cela s’ajoute un peu moins d’un milliard d’adultes analphabètes. Ce qui fait que 2 milliards d’être humain, aujourd’hui, sont exclus d’une éducation de qualité. Les nations unies, par l’intermédiaire de l’UNICEF, œuvrent chaque jour pour défendre la cause des enfants. A côté de cet organisme supranational, des O.N.G financent des projets de développement de l’Education dans les pays qui en ont le plus besoin. Aide et Action compte au nombre de ces associations qui font avancer la cause de « l’Education pour tous ».
Fondée il y a 28 ans, l’association Aide et Action est présente dans 11 pays avec plus de 600 salariés qui sont tous implantés localement et parties prenantes de missions de développement. Un déploiement qui s’étend de l’Amérique Latine et des Caraïbes jusqu’à l’Asie du Sud et du Sud-Est, en passant par l’Afrique. La majorité des ressources d’Aide et Action vient du parrainage. En effet, chaque donateur peut choisir de s’inscrire dans une dynamique de parrainage de l’Education d’un enfant, d’un projet ou d’une école. Une implication dans la durée qui s’accompagne souvent d’une correspondance entre parrains et filleuls.

20 € par mois pour donner du sens à son engagement

Le financement d’Aide et Action repose sur le parrainage des donateurs. Quand un parrain s’engage, il soutient la démarche d’Aide et Actions au profit de l’Education dans le monde. Un engagement à verser au moins 20 € par mois, sur une durée d’au moins cinq ans pour assurer la mise en œuvre, l’essor et la réussite d’une action pédagogique sur le terrain. La diversité des projets à financer fait que les 20 € sont en général mutualisés pour servir au développement global de chaque projet. Par contre, chaque donateur noue un lien de correspondance avec un filleul au cours de sa démarche de parrainage. Cela répond à l’attente de tous donateurs de pouvoir concrétiser l’utilisation qui est faite de son don, mais pas seulement. Le lien de correspondance tient aussi un rôle important sur le terrain. Il a un impact sur l’assiduité des enfants et la motivation des parents. Au Bénin, il y a quelques années, quand les enfants avaient été absents lors de la séance de correspondance, ce sont les éducateurs qui venaient jusqu’au village pour remettre leur lettre aux enfants et demandaient aux parents la raison de leur absence. Cet élément de motivation se retrouve aussi avec la visite des parrains. Cela conforte les parents dans leur choix. Car scolariser un enfant c’est souvent un choix lourd pour les familles. Faire le choix d’aller à l’encontre des traditions, si on pense à la scolarisation des filles, mais aussi le choix de se priver d’une main d’œuvre. Au-delà de l’aspect marketing qui consiste à dire qu’on parraine un enfant.
Les parrains ne sont d’ailleurs pas en reste au sujet de l’assiduité. Un sur cinq écrit régulièrement à son filleul. Si on regarde ceux qui écrivent au moins une fois par an, à Noël ou aux anniversaires, on passe à un sur deux. Mais il y a aussi des parrains qui préfèrent se positionner sur un parrainage collectif, de classe, de projet, plutôt qu’un parrainage individualisé.

Soutenir sans cautionner un régime

Le travail d’Aide et Action ne se fait pas en fournissant une aide à l’effort budgétaire de la politique éducative du pays. L’O.N.G travaille dans le cadre des textes existants, avec la population, pour qu’elle ait connaissance des textes qui sont au profit de leurs enfants, qu’elle ait connaissance aussi de la place que ça leur laisse pour prendre en charge, également, leur éducation. L’argent est dirigé vers les populations, vers les villages, pour que dans un cadre légal donné, il soit fait en sorte que les parents aillent à la rencontre des acteurs de l’Education nationale du pays et que les acteurs de l’Education nationale aillent à la rencontre des parents, des élus locaux quand il y en a, de toutes les structures associatives qui peuvent exister autour d’une population d’enfants donnée. Aide et Action n’arrive pas avec des solutions toutes faites. L’association se positionne comme un partenaire des populations pour les aider à construire un projet pour leurs enfants, projet qui soit compatible avec les objectifs de l’Education nationale, projet qu’ils soient capables de faire vivre eux-mêmes. En se structurant, en créant des associations, des comités de gestion…
« On ne se positionne pas comme simple bailleur, précise-t-on chez Aide et Action. Nous sommes bailleurs et opérateurs. Nous aurons toujours la main mise sur les projets qui se développent par rapport à du financement ou du cofinancement dont nous serions partie prenante. C’est ce qui nous donne notre légitimité et notre indépendance d’action parce que ce sont des actions que nous pilotons, que nous développons et que nous évaluons. Tout cela dans une démarche participative, qui implique tous les acteurs. Notre but est de faire bouger les choses de l’intérieur. Nous ne sommes pas dans la confrontation. »

Quel est le processus de sélection d’un projet ?

Certains pays favorisent moins de collectes que d’autres. Un principe de mutualisation a donc été mis en place pour que des pays ne se retrouvent pas en déficit de financement. Ce principe intervient dans la construction budgétaire de l’association. Les sommes collectées sont ventilées sur l’ensemble des projets à financer, sans distinction territoriale. Ces projets viennent en amont .C’est leur identification et leur viabilité qui prime. Le comité de direction les sélectionne ensuite.
Les projets retenus doivent contenir les moyens de leur pérennité. Ils n’ont pas vocation à être soutenus au-delà de leur mise en place. Le modèle économique doit prévoir l’autonomie de l’action et sa viabilité dans le temps. Par exemple, une activité économique d’artisanat se greffe au projet et permet ainsi de payer l’enseignant. Par la suite, il est très fréquent que l’école communautaire finisse par être intégrée à la communauté éducative de l’Etat, qui finit par inspecter l’enseignant et à l’intégrer à son corps enseignant.

Quand l’éducation risque de passer au second plan

Quand les difficultés économiques sont très lourdes, développer un projet d’E
ducation implique de prendre en charge bien plus que le financement d’une école. S’il n’est pas trop difficile de convaincre les parents des bienfaits de l’Education, il faut néanmoins qu’on parvienne à lever les problèmes que peut poser la scolarisation de leurs enfants. Il y a un travail d’animation à fournir pour aider les familles à s’organiser pour que le leurs enfants soient scolarisables. Les freins à cette scolarisation peuvent être nombreux. La distance de l’école, qui nécessite de mettre en place des cantines scolaires. Les frères et sœurs à garder, qui induisent la mise en place de garderies. Les corvées d’eau ou de tâches ménagères… Le combat est encore long !
En moins de dix ans, le nombre des enfants non scolarisés a reculé de 20 millions. Mais ce recul cache des résultats contrastés. Si les indicateurs sur l’inscription des enfants à l’école sont bons, ceux qui concernent la poursuite d’une scolarité le sont beaucoup moins. Il y a un gros travail à fournir sur la qualité. Suite aux inscriptions massives de ces dix dernières années, on s’est parfois retrouvé dans des situations où il y pouvait y avoir 120 élèves pour un enseignant. Ce qui obligeait à organiser des doubles cohortes : 60 élèves le matin, 60 élèves l’Après-midi… ce qui, de fait, n’engage pas à l’assiduité. Les O.N.G en ont conscience et développent leurs actions vers une exigence de qualité.

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