Grande consultation de l’Unicef, écoutons ce que les enfants ont à nous dire

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Pour la deuxième année consécutive, l’Unicef a lancé une grande enquête auprès des enfants de 6 à 18 ans. Le panel des questions leur a permis de rendre compte de leur quotidien et de leurs relations à leur environnement. Le constat est inquiétant puisque près d’un tiers des participants se trouvent dans une situation de souffrance psychologique.

Pour cette enquête, l’Unicef a recueilli le témoignage de 11 232 enfants et adolescents âgés de 6 à 18. Au travers de 150 questions, ils ont pu s’exprimer par rapport aux différents aspects de leur vie en famille, à l’école, dans leur quartier et dans leur ville.

De manière générale, les participants à l’étude se sentent soutenus par leurs parents. D’après les réponses, les mères semblent plus présentes et plus valorisantes que les pères. Toutefois c’est également avec la mère que les enfants sont le plus souvent en conflit. 45 % ont indiqué que les relations avec celle-ci étaient quelques fois compliquées et 43 % avec leur père.

Rapport des enfants et adolescents aux réseaux sociaux

Une majorité des participants ont accès à un ordinateurs, 64% d’entre eux s’en servent pour avoir des nouvelles via internet de ce qu’il se passe dans le quartier, la ville, le pays ou le monde. Les deux tiers d’entre eux utilisent le web à des fins sociales pour communiquer par mail ou chat avec leurs amis et appartiennent à un ou plusieurs réseaux sociaux. Cette proportion augmente avec l’âge, elle est de 31% pour les moins de 12 ans et passe à près de 90% pour les plus de 15 ans. Les filles sont plus nombreuses sur les réseaux que les garçons principalement après 12 ans. Chez les adolescents, l’appartenance à un réseau social est devenue une norme et le fait de ne pas y être inscrit peut être vécu comme un signe de marginalité ou d’exclusion.

La multiplication de contact est devenue une forme courante de la vie sociale des enfants et des adolescents. 32,5 % d’entre eux ont plus de 300 contacts, 17,3 % entre 200 et 300, 20,5 % entre 100 et 200, 14,2 % entre 50 et 100 et 15,5 % en ont moins de 50. Cependant, ils ne sont pas dupes sur la véracité des liens créés par ce biais, 30 % ne se sentent pas vraiment valorisés et 12 % pas du tout par les « amis » qu’ils se font sur la toile.

Pour finir, les réseaux sociaux peuvent également être le théâtre de conflits entre les enfants, 13% confient avoir déjà subi des agressions ou une forme de harcèlement via le web.

Les discriminations et le harcèlement

L’Unicef défini le harcèlement comme une violence répétée qui pouvant être verbale, physique ou psychologique. Les moins de 12 ans en sont plus souvent victimes que leurs camarades plus âgés : 38,6 % contre 32,7 % pour les préadolescents et 31,3 % pour les adolescents. Les répondants vivant dans la privation (47,2 %) ou dans un quartier insécurisant (45,7 %) sont, eux aussi, bien plus nombreux à faire l’expérience du harcèlement.

Les discriminations concernent près de 12% des enfants et adolescents à l’école, 8,1% par leurs pairs et 3,5% par des adultes. Les garçons sont plus touchés que les filles, et cela concerne plus les adolescents de plus de 15 ans.

Quel rapport ont-ils à l’école ?

Bien qu’étant un terrain propice au harcèlement et aux discriminations, c’est un lieu sécurisant pour 86 % des jeunes participants. L’école reste à leurs yeux un lieu d’apprentissage de la vie en communauté : 93 % disent y apprendre à respecter leurs camarades et les adultes. Mais seulement 52 % d’entre eux se disent prêt à se confier à un adulte présent au sein de l’établissement, 27 % avouent même que ces adultes leurs font peur.

Enfin, 69 % des répondants disent qu’il leur arrive quelquefois d’être angoissé de ne pas réussir assez bien à l’école, ce qui traduit cette culture du classement et de la compétition scolaire que les spécialistes jugent trop répandue en France comparativement à d’autres pays.

Addictions et comportements à risques

Le rapport de l’Unicef a pour la première fois détaillé des questions à destination des adolescents concernant les addictions et les comportements à risques. Parmi les 7005 participants âgés de 6 à 12 ans, 20 % d’entre fument, 24 % ont déjà consommé de l’alcool et ont déjà été ivres, 33 % ont été sollicités pour consommer de la drogue et 9 % pour en diffuser. Un adolescent sur cinq a déjà consommé de la drogue. Les garçons étant plus concernés pour la cigarette, l’alcool et la drogue que les filles. La consommation de ces substances est 6 fois plus élevée chez les plus de 15 ans que chez les 12-14 ans, bien que la majorité ait été sensibilisée aux dangers de l’alcool et de la cigarette.

De plus, le rapport d’enquête montre que selon les facteurs invoqués par les adolescents, la consommation de drogue peut correspondre soit à un comportement de socialisation, soit à un signal de mal-être dans les relations, soit à un mécanisme de fuite de la réalité.

Enfin, 28 % des participants reconnaissent qu’il leur est déjà arrivé de penser au suicide et 11 % qu’ils ont tenté de se suicider.

Ces résultats ont mis en lumière une certaine souffrance psychologique chez les enfants et les adolescents que ce soit à l’école, en famille ou sur les réseaux sociaux. L’environnement social des jeunes s’avère très important dans leur épanouissement personnel. Fort de ces conclusions, l’Unicef souhaite engager des réflexions pour adapter et multiplier des moyens d’écoute et d’échanges adaptés aux besoins et aux attentes des jeunes concernés.


Source : Ecoutons ce que les enfants ont a nous dire : Consultation nationale des 6-18 ans en 2014, Unicef France.

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