La résidence Alternée… par défaut

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Le 9 février dernier, sous l’impulsion de SOS Papa*,  deux députés, Richard Mallié et Jean-Pierre Decool, ont présenté un projet de loi proposant  la résidence alternée par défaut**, en cas de séparation des parents. Jusqu’en 2002, lors d’une séparation, les enfants étaient confiés de préférence à la maman, avec un droit de garde établi sur un calendrier précis, pour le papa. Depuis mars 2002, une nouvelle loi a vu le jour. Elle permet aux papas qui le souhaitent de demander un droit de résidence alternée où le temps passé chez maman est égal au temps passé chez papa. Cela a le mérite de permettre aux enfants de profiter de leurs parents et inversement. Est-ce pour autant la solution idéale pour des enfants qui risquent de se percevoir comme des « Sans Domicile Fixe »?

Tous les professionnels de l’enfance l’affirment : la meilleure solution est la présence nécessaire des deux parents au quotidien. La résidence alternée s’impose donc naturellement. Pourquoi ne pas proposer une seule résidence pour ces enfants « ping-pong », tiraillés entre deux domiciles ? Chaque parent y viendrait à tout de rôle, une semaine sur deux. C’est le concept de résidence alternée par défaut. Sauf que cette solution n’est pas réaliste. Elle demande un budget familial conséquent, car trois habitations. De plus, l’important pour les enfants est d’avoir une vie harmonieuse, qui passe par l’épanouissement de celle de ses parents. Sinon gare au chantage affectif, même inconscient : J’ai tout donné pour toi, tu ne peux (quand même) pas me faire ça… 
Voir ses deux parents à un rythme régulier et être éduqué par les deux ne peut être que bénéfique. Le risque de perte de contact avec l’un d’eux est amoindri. Si tout se passe bien, le petit peut décider spontanément de passer plus de temps, chez l’un ou l’autre, en fonction de son humeur. A l’adulte d’établir et respecter un calendrier, éventuellement modifiable.

En revanche, la résidence alternée peut être vouée à un véritable échec si les parents ne sont pas en phase et qu’ils utilisent leur progéniture comme monnaie d’échange. Attention aussi aux dérives, ceux (ou celles) qui espèrent ne pas payer de pension alimentaire ou se venger de leur ex en optant pour cette solution.
Ce mode de garde alterné, peut être retenu dans le cas où la séparation se passe sans effusion de sang. Elle est également dépendante de l’âge des enfants, qui n’ont pas les mêmes besoins s’ils ont 6 mois ou 14 ans.

* Association de défense des papas séparés.

** La résidence alternée par défaut est pratiquée en Belgique, en Italie, dans les pays nordiques et aux Etats-Unis
Si ce projet de loi passe, les générations futures viendront nous entretenir de son succès, le cas échéant.

Anne Marcovitch***, sociologue, nous livre son avis : Je suis relativement contre cette solution qui systématise quelque chose qui demande à être utilisé avec beaucoup de précaution. Ce serait idéal d’avoir une résidence alternée entre les parents, mais elle est dépendante de deux conditions absolument essentielles : 1°) Les parents doivent s’entendre parfaitement et 2°) Elle sous-entend une proximité géographique. Les Juges aux Affaires Familiales s’accordent à dire que cela ne fonctionne que si les parents gardent une relation pacifique. Si l’entente n’est pas bonne, c’est infernal pour les enfants.

Quant à la proximité géographique cela va de soi car si les enfants sont scolarisés, et a priori ils le son,  si on évoque la résidence alternée, se pose le problème de l’école.

La résidence alternée par défaut pourrait s’avérer dangereuse. En effet, dans la pratique, la réunion de ces deux conditions n’est pas systématique. De plus, la fréquence des changements des lieux d’habitation peut faciliter la résurgence des conflits, l’enfant ne devant pas être le porte valise du malaise des parents.

*** Auteure de « Qui aura la garde des enfants », Ed Albin Michel.

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