Mon enfant s’y connait mieux que moi!

Au moment où l’on écrit ces lignes, on vient de découvrir avec un mélange inédit de nostalgie, de jubilation et de désarroi, la vidéo de la chaine Youtube américaine “Kids react”, consacrée au bon vieux walkman de notre jeunesse. Des enfants y découvrent l’appareil avec un air dubitatif … et ne savent absolument pas comment s’en servir. Là, c’est le moment où l’on se marre : les enfants ont beau être des experts des technologies, ils sont paumés face à un outil, ô combien simple d’utilisation, qui a fait la révolution musicale de nos années fastes.

Eh oui, les enfants de 2 à 5 ans sont plus doués pour naviguer sur un ordinateur que pour nager et près d’un enfant sur cinq, au même âge, sait jouer avec un téléphone, alors qu’un seul sur dix arrive à faire ses lacets. Et puis il y a la vague de désarroi: on se sent soudain très vieux quand on les voit éclater de rire en comparant l’engin avec leur iphone super slim chéri. Ces moments où l’on se sent complètement dépassé, on les rencontre souvent quand on devient parent. On leur a longtemps tout appris, et puis un jour l’équilibre se renverse et c’est eux qui s’y connaissent mieux que nous.

Face à ces compétences qui nous dépassent, les réactions diffèrent. Alors que certains parents n’en reviennent pas, se félicitant de chaque triomphe de leur petit génie et se demandent même s’il n’est pas surdoué, d’autres se sentent totalement déstabilisés de voir leurs connaissances si tôt remi-sées au placard, face à celles d’un enfant qui comprend tout vite, plus vite qu’eux. Nous avons rencontré des parents qui nous ont raconté ces moments déroutants… et euphorisants.

« Ma fille Héloïse twitte comme elle respire. À 13 ans, elle uti-lise le média social comme une source d’information et connaît tous les codes de communication par gazouillis. Du coup, quand je me suis mise à Twitter sur ses conseils, ça été un grand moment de solitude! Je me suis retrouvée élève de ma fille, qui prenait très au sérieux son rôle de prof un peu sévère. Petite revanche en souvenir des longues heures où je lui en ai ait baver pour qu’elle apprenne par cœur ses tables de multi-plication? peut-être bien… «Cent quarante caractères, c’est quand même pas compliqué», elle rabâchait. Et moi de ne rien comprendre: qu’est ce que tu peux bien avoir à raconter qui soit suffisamment intéressant pour le partager avec tout le monde, sans avoir besoin de plus de place que ça? «Oh, mais tu comprends rien », elle me répondait, jouant les instit’ découragées. Followers. hashtag. Follow Friday. Retweet. Top Trend. C’est simple, j’avais l’impression de prendre un cours de chinois! Et je me suis sentie vraiment larguée… Du coup, j’ai abandonné Twitter (un follower de moins pour ma fille, qui s’en est bien vite remise). Mais pas avant d’aller faire un tour sur son compte. ça me turlupinait: je ne comprenais vraiment pas à quoi cet outil pouvait servir, et j’avais un peu peur qu’elle y fasse n’importe quoi. Et bien, j’ai été surprise: Héloïse y parle de musique et son fil Twitter est une mine d’information en bé-ton armé sur le rock anglais qu’elle aime tant. En plus, je crois qu’on a vraiment trouvé en Twitter le meilleur prof d’anglais non rémunéré du monde ».

«Mathias est passionné de photo. À 3 ans, il n’avait déjà d’yeux que pour nos appareils photo (et surtout leurs boutons partout), et à 7 ans, on lui a offert un jetable pour se faire la main. Bien qu’on lui ait expliqué qu’il ne contenait que 27 poses et qu’il devait bien réfléchir avant d’appuyer sur le déclencheur, la pellicule était bradée à la fin de la journée. Quel bonheur de voir dans ses yeux l’excitation de découvrir les photos fraîchement développées en sortant du maga-sin! Aujourd’hui, Matthias a 11 ans et c’est un véritable pro.

En vacances, c’est lui qui prend les meilleures photos. Aux réunions de famille, tout le monde nous demande les portraits qu’il a fait de chacun, tant ils sont vivants et bien cadrés. On se sent bêtes avec nos photos ratées! La semaine dernière, ma femme essayait de prendre des photos de la maison pour l’architecte qui va s’occuper de nos travaux. Rien de bien artistique. Et bien Matthias s’est précipité à la rescousse en la découvrant avec l’appareil photo sous les yeux en rentrant de l’école. «Non, maman, tu as un problème de focale, là », il lui a lancé.

On n’en revenait pas. Un ami lui a offert un bou-quin de photo assez technique pour son anniversaire, tellement pro qu’on ne pensait pas qu’il le lirait. En fait, il l’a dévoré et s’est entraîné tous les jours à tester toutes les fonctionnalités qu’il découvrait à chaque chapitre. Et je ne vous parle même pas des commentaires qu’il nous lance quand il regarde par dessus nos épaules nos comptes Instagram… Il prend ça très au sérieux !»