Si votre ado se précipite sur son ordinateur en rentrant des cours et y passe tous ses week-ends, s’il n’a plus de copains hormis ceux du monde virtuel, s’il est capable de rester 72 heures d’affilée devant son écran sans se nourrir ni se laver, c’est peut-être un nolife. Mode d’emploi !
Qu’est-ce qu’un nolife ?
Un nolife (de l’anglais « no life », qui veut dire « pas de vie » ou « sans vie ») est une personne qui, accro aux jeux vidéo, passe tout son temps ou quasi sur son ordinateur au détriment de ses autres activités. Une addiction qui touche de plus en plus d’ados qui mettent en péril leur vie scolaire – beaucoup passent leur temps dans les cyber cafés plutôt que sur les bancs du lycée ou du collège -, mais aussi leur vie sociale, sentimentale et familiale.
Un nolife est un être le plus souvent renfermé sur lui-même, enfermé dans sa chambre et super grognon quand on essaie de le déscotcher de son écran. Ce terme a vu le jour sur Internet quand les premiers jeux en ligne ont commencé à être commercialisés. Le terme s’est propagé avec l’engouement des joueurs pour les MMORPG (jeux massivement multijoueurs) du type World of Warcraft ou Guild Wars qui permettent l’existence d’un monde persistant et commun, qui permettent aussi de se créer un personnage que l’on appelle avatar, de l’entretenir, de se faire des amis IG (comprenez In Game, dans le jeu). Il existe même une télé sur Internet appelée Nolife bien sûr et dont le slogan résume asse bien les choses : « Il n’y a pas que le vraie vie dans la vie ». Méditez là-dessus !
Adieu, monde cruel !
Thomas, 17 ans, ado nolife de son état, témoigne : « Le jeu on line offre une perspective forte de reconnaissance par autrui, il est facile de délaisser la vraie vie et ses soucis. On devient quelqu’un tout en étant anonyme, quelqu’un d’autre, un quelqu’un qu’on a choisi. Mais si on devient nolife, c’est qu’on est un traumatisé de la vie ».
Les adolescents y trouvent aussi le moyen de fuir une vie qu’ils jugent bien souvent trop conformiste, des relations qui s’avèrent souvent insatisfaisantes et hypocrites, des échecs sentimentaux qu’ils ont parfois du mal à encaisser à cet âge fragile. Le jeu leur permet de quitter virtuellement ce monde trop cruel. Sébastien confirme : « La société cautionne les inégalités et cumule les injustices. Elle ne connaît que deux mots d’ordre, argent et pouvoir et la planète est pourrie, on a déjà un pied dans la tombe. Alors moi, je vis au jour le jour virtuellement et au moins je passe de bons moments ». CQFD !
No life: qu’en pensent les psys ?
Comme toute les addictions, l’addiction aux jeux vidéo est dangereuse à partir du moment où elle exclut toute vie sociale réelle.
En se connectant plus que de raison, le cyber ado se déconnecte peu à peu de la vraie vie et en comprend de moins en moins les enjeux. Il a de plus en plus de difficultés à y trouver sa place et cette fuite en avant le fait reculer chaque jour un peu plus devant ses responsabilités. Quand il daigne sortir de sa tanière pour « participer » à un repas familial, c’est en bougonnant et en ayant du mal à reconnaître qui sont ces vulgaires humains assis autour de lui.
Le psychiatre Philippe Jeammet, spécialisé dans les pathologies de l’enfant et de l’adolescent, précise à propos des ados et des jeux vidéo: « Certains s’enferment dans un monde de plus en plus irréel, propice à l’éclosion d’un sentiment de toute-puissance. Ils y fuient les contacts humains, sources de frustrations et vivent par procuration. Les adolescents qui y perdent le sens de la réalité avaient, en général, déjà quelques prédispositions. D’autres vont paradoxalement y trouver un moyen de sortir de leur isolement en apprenant à jouer d’une manière tolérable pour eux, c’est-à-dire parfaitement maîtrisable et considérablement distanciée des personnes réelles qui leur font peur ». Autrement dit, tout est une question de dosage… Largement dépassé chez les nolife.
