« Il me cherche ! », rencontre avec Isabelle Filliozat

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CM : Pensez-vous que c’est applicable au quotidien et dans toutes les situations ?

IF : Dans beaucoup de situations çà allège le quotidien. On est d’avantage heureux ensemble, en tout cas c’est ce que me rapporte les témoignages des différentes personnes qui ont commencé à utiliser les petits outils qui sont donnés dans le livre. Ça change la vie ! Ça change la vie parce qu’on comprend ce qu’il se passe dans la tête de l’enfant.

Trop souvent on interprète le comportement de l’enfant comme dirigé contre nous donc on se blesse tout le temps. On a tout le temps l’impression d’être malmené par notre enfant alors qu’en réalité notre enfant nous appelle au secours, nous demande, attend de nous de la guidance. Les relations sont très apaisées.

CM : Vous expliquez un grand nombre de comportements d’enfant par le manque de proximité avec la figure d’attachement. Pensez-vous que cela peut faire naître un sentiment de culpabilité chez les parents qui ont des enfants turbulents ?

IF : Justement mon objectif dans le livre c’est vraiment de déculpabiliser. J’ai voulu montré que ce n’est pas parce qu’on ne donne pas assez d’amour, mais parce qu’on n’a pas appris à avoir les comportements qui remplissent le réservoir de l’enfant. C’est tout à fait inconsciemment que nous vidons ce réservoir.

Jusqu’à présent les parents qui ont lu le livre n’ont pas culpabilisés, ils se sont sentis beaucoup plus soulagés. Le livre leur donne un moyen immédiat de modifier le comportement de leur enfant. C’est spectaculaire de voir la rapidité avec laquelle les enfants modifient leur comportement.

CM : Vers 2-3 ans les enfants traversent une période d’opposition

IF : Le problème part du fait que l’on croit que les enfants nous défient, mais c’est une interprétation. Les enfants de 2 ans ne nous défient absolument pas. Ils sont en train de développer leur cerveau frontal et donc leur libre arbitre et leur envie d’être au contrôle de leur vie. L’enfant passe par une période où il dit non car il a besoin de se déparer de son parent, mais en aucun cas çà n’est une défiance.

Au contraire l’enfant a besoin que le parent l’interprète comme une quête d’autonomie. C’est incroyable que l’on interprète toute quête d’autonomie de l’enfant comme une défiance envers les parents.

Le fait de dire non à un enfant de 2 ans est finalement inefficace. D’abord il ne comprend pas le non, il comprend juste qu’on est fâché qu’il y a une énergie qui va le figer à l’intérieur de lui. Ça ne lui apporte rien, ça ne l’aide pas à grandir.

CM : Concernant l’autorité justement, comment affirmer son rôle de figure d’autorité sans fixer de limites et de sanctions lorsque l’enfant fait une bêtise ?

IF : Il y a deux choses différentes. D’une part notre autorité n’est pas remise en cause par notre enfant. Notre autorité est naturelle, depuis toujours nous sommes sa figure d’attachement donc il va nous regarder avant de faire quelque chose. Il va être attentif au fait qu’on lui donne la permission ou non. Plus nous sommes une figure d’attachement solide, plus il va respecter nos indications. Le parent n’a pas besoin de s’affirmer en plus en faisant preuve d’autoritarisme. Son autorité est fonctionnelle. L’enfant sait très bien que le parent fait mieux les choses que lui et connait mieux la vie que lui et donc en général il lui fait confiance pour se diriger.

Ensuite en parentalité positive pose beaucoup de règles, elles sont très importantes. Ce sont les règles qui nous permettent de faire ensemble. Par contre les sanctions ne servent à rien. Dans un jeu de société, il y a les règles du jeu qui permettent de jouer ensemble. Il n’y a pas de liste de sanction. Notre job de parent c’est d’éduquer donc s’il ne respecte pas les règles il faut chercher la raison pour laquelle il n’a pas respecté les règles. Soit il n’a pas compris la règle, soit il demande quelque chose.

Ça ne sert à rien de poser une sanction parce que ça va aggraver le problème. Si la cause de la transgression est du stress ou une ignorance, une sanction ne va jamais aider l’enfant à mieux accepter la règle. La plupart du temps les sanctions sont des punitions, c’est-à-dire des manières de dominer l’enfant. Souvent le parent pense qu’il va faire comprendre quelque chose à l’enfant par une punition. En réalité il ne comprend pas il se sent juste exclu et démuni, il a l’impression que son parent ne l’écoute pas. Trop souvent cela créé des sentiments d’injustice, voire de vengeance. Pour bien comprendre j’utilise l’image du lait qui déborde de la casserole. Mettre des limites et utiliser des sanctions c’est mettre un couvercle sur le lait, cela ne sert à rien. En fait ce qu’il faut faire c’est arrêter le gaz. C’est pareil avec nos enfants, lorsque leurs comportements sont débordants cherchons le bouton pour arrêter le gaz, c’est-à-dire la cause.

Cependant il est important de laisser vivre aux enfants les conséquences naturelles de leurs actes. Par exemple si un enfant oublie son cartable à la maison, il ne faut pas s’empresser de le lui rapporter. Il faut le laisser vivre les conséquences naturelles de son oublie.

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