Se remettre en cause… au risque d’être heureuse !

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Marre de se mettre dans tous ses états parce que le beurre n’est pas rangé à sa place ? Marre de s’épuiser à coucher son enfant tous les soirs ou de pleurer dès qu’on vous dit non ? Pour démarrer 2009 du bon pied, si on commençait par un bon travail sur soi ?

On se débarrasse de ses mauvaises manies

On entend par là un travail pour se débarrasser de ses mauvaises habitudes, de son pessimisme, de ses réactions inappropriées, de ses blocages. Travailler sur soi, ce n’est pas forcément parce qu’on est très malheureux ou « au bout du rouleau », mais parce qu’il existe des zones de souffrance dans notre existence présente, avec nos proches, nos collègues, nos amis.

Buts visés : identifier ses besoins, regonfler son estime de soi, être plus zen, plus performant, moins fuyant et, osons le dire, plus heureux. Un sacré challenge, « que seule une réelle motivation au changement permettra de réaliser », prévient Stéphanie Nocus, docteur en psychologie. « Les chocs de la vie quotidienne, petits ou grands, répétitifs ou pas, amènent à se poser des questions », dit de son côté Paul Sidoun, psychiatre, auteur en 2004 de Guérir… mais de quoi ? (Ed. Autrement).

Dans cet ouvrage, entouré de compagnons intellectuels (psychologues, rabbins, philosophes…), il dénonce la pratique psy actuelle et l’accuse notamment d’alimenter les souffrances modernes comme la dépression. Alors, avant d’en arriver là, comment s’y prend-on pour travailler sur soi ?

De l’auto-observation à la consultation

« On peut commencer par une auto-observation de nos émotions. Par exemple, noter tous les jours sur un cahier ce qu’on a ressenti, ce qui nous a causé de la peine, de la honte, de la joie, de la colère. Les choses « sortent » mieux quand on écrit. Au bout de quelques semaines, si on est vraiment régulier, on va retrouver des constantes, des scénarios qui se répètent. Cela permet de mettre le doigt sur des problèmes qu’on peut ensuite travailler en consultation », explique le docteur Nocus.

En effet, si la phase d’introspection peut se faire en solitaire, il est très difficile ensuite de « se guérir » sans une personne extérieure, surtout si les difficultés sont sérieuses et anciennes. Les amis, les parents ou le conjoint, tout aussi attentifs et aimants qu’ils soient, ne sont pas forcément les bons interlocuteurs, car inconsciemment, ils sont habitués à fonctionner d’une certaine façon dans leurs relations avec nous, et ne veulent pas briser cet équilibre. Pour Stéphanie Nocus, « consultez quand les possibilités de vous aider par vous-même ou par l’entourage sont épuisées, et n’attendez pas. Il est plus dur de changer à 40 ans qu’à 20, car si on est plus familiarisé avec l’adulte qu’on est devenu, on n’a moins de recul sur ses problèmes ».

Quelques repères

Le docteur Sidoun, quant à lui, donne des repères pour s’y retrouver :

-si vous souffrez peu ou prou, c’est que vous avez quelque chose à apprendre ;

-vous n’allez bien que si vous allez bien avec les autres ;

-les enfants critiquent leurs parents et ils ont raison de le faire – le travail des ces derniers étant de déterminer en quoi la critique est juste ;

-les enfants doivent être plus « grands » que leurs parents, c’est-à-dire trouver de meilleures solutions qu’eux – et ceux-ci doivent les laisser y parvenir.

Si vous avez un problème dans un de ces cadres, l’aide est nécessaire. « Ces repères constituent ma morale de psy. C’est un élément à connaître de son thérapeute, car 90% des consultations relèvent de questions d’ordre moral » affirme-t-il.

Question de feeling

 Il y’a psy et psy
Sous le vocable « psy », on trouve en fait deux sortes de professionnels. Première catégorie : les psychologues. Ils ont cinq ans d’études en psychologie et possèdent un DESS, soit en psychologie du travail (ils exercent alors souvent dans les ressources humaines), soit en psychologie clinique (ils consultent en ville et/ou à l’hôpital). Un psychologue peut être « docteur en psychologie », mais il n’est pas médecin, il n’est donc pas remboursé par la sécurité sociale et ne peut prescrire de médicaments.

L’autre catégorie est celle des psychiatres : ils ont six ans d’étude de médecine, plus quatre ans de spécialisation en psychiatrie. Ce sont les seuls habilités à prescrire des traitements et à poser des diagnostics, ils sont remboursés par la sécu. Quant au mot « psychanalyste », il peut renvoyer à un psychologue ou à un psychiatre, à condition qu’il ait fait lui-même une analyse puis reçu des patients en étant supervisé par un pair aguerri. L’amendement Accoyer, qui fixe par décret les différentes catégories de psychothérapie dont la mise en œuvre relève d’individus ayant forcément une formation universitaire et clinique, devrait être effectif en 2009. N’importe qui ne pourra alors plus s’autoproclamer « psychothérapeute » et risquer d’aggraver la pathologie ou la détresse d’un patient, voire de l’enrôler dans une secte…

A ce stade, on se retrouve devant un océan de possibles : psychiatres, psychologues, coachs, consultants en PNL, cognitivo-comportementalistes, spécialistes de l’hypnose… qui consulter ?

 « Le travail sur soi n’est plus l’apanage des psys, il existe à présent des méthodes alternatives de bien-être intéressantes (attention cependant aux charlatans). Par exemple, si les problèmes que l’on rencontre sont cantonnés à la sphère du travail, un coach peut convenir. Mais si les problèmes envahissent tout, vie privée comme vie professionnelle, seul un psy pourra vous aider », affirme Nathalie Nocus.

D’où l’importance d’une bonne auto-observation. Ensuite, ce n’est pas tant une question de techniques thérapeutiques que de personne. Si on ne vous a pas recommandé quelqu’un, vous pouvez aller voir un psychiatre, qui vous réorientera éventuellement ensuite, ou demander une adresse à votre médecin traitant. « Dès le premier rendez-vous, il doit y avoir un « feeling » particulier, l’impression -partagée – que l’on pourra bien travailler ensemble. Mais si au bout de dix personnes, vous n’êtes toujours pas satisfait, c’est que vous n’êtes sûrement pas prêts ! », sourit la psychologue. Paul Sidoun ajoute, et c’est pour lui le critère essentiel : « si vous avez l’impression de faire face à quelqu’un d’aigri, laissez tomber, il ne pourra pas vous aider. Choisir quelqu’un qui a l’air d’un homme ou d’une femme bien est pour moi un critère plus précis que celui de la technique ».

Ce qui vous attend au tournant

Bon, vous êtes motivés, vous avez trouvé la bonne personne et pourtant… vous êtes déçue. Pour Nathalie Nocus, cela vient souvent du fait que les gens pensent que le psy va tout régler. « Changer demande un gros effort personnel, et le thérapeute ne sera là que pour vous guider dans cet effort », insiste-t-elle. A l’inverse, Paul Sidoun trouve que ce n’est pas vraiment un problème de considérer son psy comme un maître à penser, mais « à condition que ce ne soit pas un abruti ! » Le psychiatre met en garde contre la malhonnêteté de certains : « l’enjeu, en ce moment, est d’empêcher qu’on nous « banalise » notre vie, par exemple en nous donnant des médicaments quand on ne peut pas dormir ou en nous disant de faire du sport si on est stressé. Si déjà on résiste à cela, alors plein de questions vont venir, comme autant d’ouvertures pour comprendre notre vie ». Pour lui, le pire dans une consultation, c’est quand il ne se passe rien. Autre écueil possible : toujours tout rejeter sur les autres. En revanche, si vous vous dites « tiens, je n’avais jamais pensé ainsi auparavant », c’est plutôt positif… « Il est possible que vous passiez un peu par ces trois stades, mais l’important est qu’un psy ne vous y bloque pas », conclut-il. Alors, prêt à changer ?

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