Grands-parents : les super nounous passent à l’action !

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Dans nos sociétés hyper actives, le besoin de stabilité, de transmission des valeurs et de partage d’amour, tout simplement, se fait sentir. Et les grands-parents, mieux portants qu’avant, reviennent en force dans la vie des bambins. Il est de plus en plus « tendance » de s’occuper de ses petits-enfants et il est même des contrées où les grands-parents ont détrôné les nounous !

Grands-parents: une nouvelle place à prendre?

Aux Etats-Unis, les grands-parents sont devenus la solution de garde la plus répandue, devant les crèches et les nourrices. Au Canada, 11% des grands-parents déclarent que leur principale activité est de garder leurs petits-enfants. En Angleterre, un quart des familles ayant des enfants de moins de 15 ans font appel aux grands-parents chaque semaine pour 16 heures de garde en moyenne.

En France, on n’en est pas encore là mais la tendance se dessine avec 6% des enfants de moins de 2 ans confiés à leurs grands-parents. Des grands-parents de plus en plus en forme, l’espérance de vie allant augmentant de façon très sensible d’année en année : elle était par exemple de 81 ans en moyenne pour les femmes en 1990 ; en 2007, elle est de plus de 84 ans.

Selon un rapport de l’INSEE, 55% des enfants de moins de 6 ans connaissent leurs quatre grands-parents alors qu’en 1960, seulement 5% des enfants avaient en France quatre grands-parents vivants au moment de leur naissance.

La philosophe Noëlle Châtelet publiait récemment un essai sur le bonheur d’être grand-mère.

 Jacqueline, 60 ans, 4 fois grand-mère
« Je m’occupe de mes petits enfants et j’en suis très heureuse. J’en ai quatre mais je n’ai pas vu grandir les deux premiers. Mon fils étant militaire de carrière, je ne les vois que par périodes, en fonction des perm. Je me suis jurée que je me consacrerais au maximum aux enfants de mon fils cadet. Donc, je me tiens à son entière disposition lorsqu’il a besoin de moi. Je me dérange qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente. Je ne possède pas de véhicule, je n’ai même pas le permis, mais ce n’est pas grave, je prends le bus ! Pour moi, c’est un réel bonheur. Je leur apporte de l’amour, l’expérience de ma vie, des mes échecs aussi et eux me donnent leur fraîcheur, leur innocence en retour. J’en ai besoin pour comprendre que j’existe. A mes yeux, ça a une valeur inestimable. »

Aujourd’hui, les grands-parents ne sont plus des personnes âgées mais des seniors pleins de vitalité à qui l’on n’hésite plus à confier ses enfants plus souvent que pour les grandes vacances. Certains s’en occupent même au quotidien, se déplaçant chez les parents tous les jours comme on se rend à son travail. Des super bénévoles pleins d’amour qui ont en plus le double mérite d’être parfaitement fiables et de ne rien coûter (sic).
A l’heure où beaucoup d’enfants restent encore à la porte de la crèche et où le pouvoir d’achat est loin de faire des bonds, les grands-parents impliqués sont une source de sérénité pour leurs enfants.
Autre signe des temps, l’Ecole des parents et des éducateurs s’est depuis peu enrichie de groupes de grands-parents et de consultations pour les problèmes qui les concernent.
Ce qui confirme au moins deux choses : les grands-parents prennent leur rôle à cœur…
Et ce rôle n’est pas si facile à interpréter ! Car si les grands-parents s’accordent généralement à dire que ce nouveau statut les enchante, devenir grand-parent de nos jours n’est pas si simple !

Grands-parents : un statut subtil

                                                                                                                 

Françoise, 63 ans, 3 fois grand-mère
 « Je vois et m’occupe très régulièrement de deux de mes trois petits enfants. Le troisième n’est pas avec nous mais nous le voyons très souvent et nous nous téléphonons presque chaque jour. C’est un choix que nous avons fait avec mon mari, nous occuper de nos petits-enfants pendant que les parents travaillent. Nous avons rajeuni de près de trente ans pour notre plus grand bonheur ! La maison est bien vide quand ils ne sont pas là. Nous sommes là pour leur faire découvrir beaucoup de choses,  pour raconter des histoires,  leur parler de notre vie et de leurs parents quand ils étaient enfants. Nous leur apprenons, du moins nous  essayons, à aimer et respecter les autres, les animaux… mais toujours sous forme de jeux, sans contraintes… A aimer la vie, tout simplement. »

            
On ne choisit pas le moment d’être grand-parent comme on choisit celui de devenir père ou mère. Et on le devient souvent autour de la cinquantaine, à un âge où l’on n’est pas encore vieux, et où, libéré des contraintes familiales qu’imposent des enfants petits, on peut imaginer d’autres projets ou penser réaliser ceux que l’on a longtemps repoussés.

L’arrivée de petits-enfants peut remettre en question ces projets. D’autre part, les grands-parents ont d’abord été des parents puis, pour l’un des membres du couple, des beaux-parents.

 Ils le restent quand ils deviennent grands-parents. « Cette triple qualification explique l’extrême complexité du rôle qu’ils sont appelés à jouer, leurs relations à l’intérieur de la famille s’établissant aussi bien avec les parents qu’avec les enfants » écrit Maurice Porot dans L’enfant et les relations familiales.

Quelle est la place des grands-parents ?

 Dominique, 53 ans, 3 fois grand-mère
« Je suis une mamie de 53 ans et j’ai 3 petits enfants. Quand j’ai eu mon premier petits-fils et ma première petite fille, j’habitais sur le même palier que ma fille. Je pensais que c’était une chance pour elle que nous soyons si proches. Quand je rentrais du travail le soir, je grattais à leur porte comme un chat et cinq minutes après ils étaient chez moi. On faisait des câlins, on chantait, je leur préparais le repas, je les douchais et j’essayais toujours de les garder pour la nuit. Quand je sortais faire des courses, je les emmenais. Ma fille me disait que je lui volais sa place, ce que je refusais de croire. J’avais simplement l’impression de prendre mon rôle de grand-mère très à cœur. Que de guerres avec ma fille ! Aujourd’hui, j’habite dans une ferme à la campagne et, avec l’éloignement, j’ai compris ce que ma fille avait dû endurer parce que j’étais envahissante. Aujourd’hui, je prends mes petits-enfants en vacances et c’est un plaisir de cueillir des fruits avec eux pour faire des confitures, de se balader dans les bois ou des les aider à faire leurs devoirs de vacances. J’ai un message à livrer : soyez grand-mère gâteau comme moi mais gardez vos distances : on peut les adorer sans être possessif. »

Quelle est la marge de manœuvre des grands-parents ? Certains refusent d’entrer dans la danse, considérant que seuls les parents ont un rôle à jouer dans l’éducation de leurs enfants et qu’ils ont, pour leur part, accompli leur devoir. Et puis, cet enfant qui arrive leur rappelle qu’ils avancent en âge et cette perspective ne les ravit pas. D’autres s’emparent du rôle à bras le corps, parfois dans la juste mesure, parfois à outrance, devenant possessifs, refusant généralement qu’on les appelle papi ou mamie et plongeant dans un bain de jouvence qui leur ferait presque oublier qu’ils ne sont pas les parents de leurs petits-enfants.
« Le passage au statut de grands-parents n’en demeure pas moins un bouleversement psychique comparable à ceux de la naissance ou de l’adolescence, réveillant parfois des souvenirs ou des angoisses, renvoyant à un passé où d’autres grands-parents étaient là, points de repère du temps qui s’écoule »
résume Madeleine Natanson dans son ouvrage Aujourd’hui, les grands-parents. Entre présence et envahissement, conseils et abus de pouvoir, il leur faut trouver le bon dosage pour être disponibles dans le respect des choix et des méthodes de leurs enfants… En quelque sorte le prolongement de leur rôle de parents, la responsabilité de l’éducation en moins.

Les grands-parents ont beaucoup à transmettre

 Muriel, 54 ans, 2 fois grand-mère
« J’ai 54 ans, 3 enfants et 2 petites filles de 5 ans et 18 mois. Pour moi, ce n’est que du bonheur : j’ai la chance de ne plus travailler et c’est un réel plaisir de les accueillir pendant les vacances scolaires – elles habitent a 400 km. On prépare un programme varié : château, zoo, parc de jeux, piscine, lecture, cinéma… Le temps leur est entièrement consacré. Ce qui est chouette quand on est grand-parent, c’est qu’il n’y a pas de contraintes comme quand on est parent, pas de pression du boulot, pas de course permanente après le temps. Mon seul regret, c’est l’éloignement. Cet hiver je suis allée passer quelques jours chez mes petites-filles pendant que leurs parents partaient au ski. C’était super, j’attends les prochaines vacances avec impatience ! S’occuper de ses petits-enfants, c’est différent du plaisir que l’on éprouve envers ses enfants mais c’est aussi génial. »

Quand on demande aux grands-parents de s’exprimer sur leur rôle, les mots plaisir et bonheur reviennent systématiquement. Ils ont élevé leurs enfants en passant par tous les soucis d’un quotidien stressant à gérer et apprécient que le temps passé avec leurs petits-enfants soit débarrassé des contraintes et des angoisses quant aux résultats scolaires.

On est alors dans la transmission des savoirs, de l’expérience, des valeurs et de l’amour. A propos du rôle des grands-parents dans le développement de l’enfant, Madeleine Matanson écrit : « Les grands-parents réels ou fantasmés jouent un rôle capital dans l’édification de la personnalité, permettant parfois de trouver une image apaisante dans une vie tourmentée ». Qui n’a jamais fait l’expérience de se confier plus facilement à un grand-parent que l’on craint moins de choquer ou de peiner que ses parents? Et puis les grands-parents transmettent beaucoup plus que de la tendresse ou des souvenirs de madeleine qui s’imprimeront pour la vie. Parce que l’âge leur a appris la relativité des choses ou encore le respect de l’autre comme un être unique et différent, ils sont pour la plupart des exemples vivants de sagesse et, en matière d’éducation, les actes sont souvent bien plus efficaces qu’un long discours.

Les enfants peuvent en apprendre à leurs grands-parents

Et puis la transmission se fait aussi en sens inverse, en partant de la plus jeune génération. Les enfants ont eux aussi bien des choses à apprendre à leurs aînés. Dans son livre Le fossé des générations, Margaret Mead, anthropologue américaine, souligne que « les moyens de communication tels l’informatique et l’internet donnent aux enfants une capacité d’adaptation qui les transforme souvent en pédagogues de leurs parents et encore plus de leurs grands-parents ».

 Et chacun sait à quel point il est important, pour un enfant aussi, de se sentir non seulement un tantinet savant mais aussi utile, voire indispensable à ses proches pour tout un tas de choses pratiques. Décidément non, le rôle de grands-parents ne consiste pas juste à gâter ses petits-enfants !

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