Réduction du congé parental : fausse polémique ?

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Le chef de l’Etat annonçait il y a quelques semaines son intention de raccourcir la durée du congé parental pour ne pas laisser les jeunes mères trop longtemps coupées du monde du travail. Un tollé immédiat s’ensuivit. Comment peut-on, en ces temps déprimants de crise, toucher à la famille, dernier refuge des Français ? Côté Mômes a choisi de dépassionner le débat sur un sujet peut-être mal compris et qui en cache en réalité bien d’autres !

Congé parental : le grand débat

Il y eut le grand débat sur le dimanche travaillé ou pas. On toucherait là au jour du Seigneur, de l’après-midi au club de foot et de Michel Drucker à la télé. Autrement dit au droit de la famille à partager une journée de vrais échanges. Puis il y eut le congé maternité express de Rachida Dati – 5 jours – que l’on accusa de donner le mauvais exemple, comme si toutes les femmes de la planète France s’identifiaient à feu madame la ministre mal aimée. Parions sans risque que si elle s’était arrêtée deux mois pour s’occuper de son bébé, les mêmes l’auraient traitée de feignasse.

Mais revenons à nos moutons. Et d’une, et de deux… Il n’en fallait pas plus pour déterrer la hache de guerre, lorsque Nicolas Sarkozy suggéra la réduction du congé parental – souvent confondu avec le congé de maternité -, en plein février frileux. Ses arguments pour envisager cette réforme : un congé parental de longue durée, c’est une rupture dans un parcours professionnel, qui peut se traduire par une diminution des chances de progresser dans la carrière.

Un congé parental est aussi, souvent, un pis aller parce que l’on n’a pas trouvé de mode de garde satisfaisant pour retourner travailler. Ces arguments sont-ils vraiment contestables ? Pas franchement.

Contradiction, quand tu nous tiens !

Quelle entreprise privée, par les temps qui courent, peut encore garantir à une jeune mère un retour à l’emploi dans les mêmes conditions après trois ans non travaillés ?  François Fondard, président de l’Unaf (Union nationale des associations familiales), est clairement défavorable à la réduction du congé parental. Il reconnaît pourtant qu’il n’existe pas de véritable évaluation ou étude qui démontre que celles qui ont pris un congé parental retrouvent « du » ou « leur » travail après… Mais « nous considérons que oui, elles le retrouvent » commente-t-il avant de revenir à la vraie question à ses yeux : le « libre choix des familles ».

Le congé parental: une solution face à la pénurie des modes de garde

Mais quand on creuse la question avec lui, François Fondard ne conteste pas que le congé parental soit pour certaines la seule solution, faute de trouver une place en crèche pour leur enfant ou une assistante maternelle dans leur région. Face à cette pénurie de modes de garde, Nicolas Sarkozy a demandé la création de 200 000 places supplémentaires d’accueil pour les jeunes enfants.

Insuffisant répondent les opposants au projet puisque les besoins se situent autour de 400 000 places. Le Président propose aussi que soit étudié un droit spécifique à la formation pour les parents – dont une écrasante majorité de femmes – qui reprennent une activité après s’être consacrés à l’éducation des enfants. A ce sujet, pas de commentaire de l’Unaf qui déplore pourtant la non qualification de la majorité des 600 000 femmes qui choisissent le congé parental qui aujourd’hui donne accès, rappelons-le, à une allocation mensuelle maximale de 552,11 à 759,54  €. Alors, on fait quoi puisque, finalement, tout le monde est d’accord pour dire que concilier vie professionnelle et familiale est toujours aussi difficile ?

Casse-tête à suivre…

Le Haut Conseil de la Famille, nouvelle instance placée sous la présidence du Premier ministre mais pas encore en activité, se réunira dans les mois qui viennent pour étudier cette épineuse question. 52 membres, responsables du mouvement familial, responsables de l’Etat, représentants d’organismes de sécurité sociale et des collectivités territoriales plancheront ensemble pour entamer une réflexion. Ce que l’on sait déjà, c’est que l’Unaf s’opposera à la réduction du congé parental d’éducation. Son président précise néanmoins qu’il est prêt, « à la condition de ne pas toucher au dispositif existant, à réfléchir à un congé moins long et mieux rémunéré qui serait une solution supplémentaire mais laisserait libre choix aux familles. »

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