Mon enfant va être hospitalisé, comment le rassurer ?

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Amygdales, végétations, appendicite… le verdict est tombé : votre enfant doit subir une intervention. Inquiets, vous l’êtes forcément. Mais comment faire pour qu’il vive ce moment difficile le mieux possible ? Et qu’il devienne même une expérience enrichissante ?

Tous les enfants (ou presque) ont peur des blouses blanches. Et c’est normal. L’hôpital n’est pas le sujet de conversation favori des familles et il n’est guère cité à l’école primaire. C’est devenu courant d’aller visiter une ferme, une chocolaterie, une église. L’hôpital, on n’y va jamais. Sauf lorsque ça va mal. Et cette peur de l’inconnu est parfois transmise par les parents eux-mêmes, traumatisés lorsqu’ils étaient enfants – pour ne pas avoir été préparés – par le mauvais souvenir d’un séjour désagréable ou douloureux sans papa et maman : « On va vous le garder quinze jours », disait-on autrefois… Et que la durée de l’hospitalisation soit courte ou longue n’y change rien. Au moins, quand c’est long, on a le temps de s’adapter à la nouveauté. Idem pour les soins : il n’y a pas de petits ou de grands soins.

Chaque situation peut être anxiogène à l’hôpital, quel que soit son âge. « Lorsqu’on peut anticiper, on maîtrise mieux la situation, observe Françoise Galland, directrice et cofondatrice de l’association Sparadrap (voir suite). Et quand on a moins peur, on a moins mal. Beaucoup d’adultes pensent que ne rien dire évite la peur. C’est le contraire. Car dans ce cas, l’enfant peut imaginer le pire. Et, surtout, il peut se sentir trahi. En se comportant ainsi, les parents ou les soignants cherchent souvent à se protéger de leur propre peur. »

Mieux vaut prévenir…

Expliquer à un enfant ce qu’on lui fait permet de le faire exister comme sujet, de donner du sens à ce qu’il vit. « Il y a deux composantes dans la douleur, analyse Françoise Galland : la sensation physique, que l’on peut considérablement atténuer grâce aux médicaments dont nous disposons actuellement (crème anesthésiante, anti-douleurs…) et l’émotion (la peur). Seuls les mots et surtout les images pour un enfant (qui ne dispose pas d’un langage élaboré) peuvent canaliser celle-ci.

Ainsi, lorsqu’on fait une piqûre à un enfant, il faut prendre le temps auparavant de lui exposer pourquoi c’est utile, comment cela va se passer très précisément, le rassurer en lui disant qu’on ne va pas prendre tout son sang mais une infime partie qui va se renouveler très vite, que le « trou » se rebouche quasi instantanément… « Beaucoup d’enfants redoutent aussi l’anesthésie. Il faut leur expliquer que c’est un sommeil tout à fait spécial, pendant lequel on ne fait pas de rêve, provoqué par des médicaments. Qu’on se réveille forcément lorsque ces médicaments sont éliminés par le corps, c’est à dire une fois que l’opération est terminée. On ne peut donc pas se réveiller pendant… »

Mieux vaut être présent…

Deuxième grosse peur d’un enfant : se séparer de ses parents. Une inquiétude bien légitime puisqu’une étude réalisée en 2003 à l’initiative de l’association Sparadrap montre que 30% des parents ne sont toujours pas admis lorsqu’on fait une prise de sang à leur enfant et 60% lors d’une ponction lombaire, que 4% seulement peuvent rester avec leur enfant jusqu’à ce qu’il soit endormi lors d’une anesthésie générale, et que 8% sont systématiquement admis en salle de réveil.

 Enfin, un parent sur trois seulement a la chance de rester dormir avec son enfant… Là encore, si on prépare bien les enfants à l’entrée à la crèche ou à l’école, on ne peut pas en dire autant de la séparation à l’hôpital. Et pourtant, comme l’attestent ces chiffres, s’il y a bien un lieu où l’on se sépare beaucoup de ses parents, c’est bien celui-là ! La présence des parents, voilà qui est déterminant dans le bien-être et le réconfort d’un enfant, deux conditions pour optimiser ses chances de guérison. C’est pourquoi, si on le souhaite, il ne faut jamais hésiter à insister auprès des équipes médicales pour être aux côtés de son enfant, le plus possible. D’abord, parce que l’institution hospitalière est encore un lieu de pouvoir : par routine, médecins et soignants ne mettent pas toujours des mots sur ce qu’ils font, plongeant certains parents dans un sentiment d’impuissance qui n’est guère rassurant pour l’enfant.

« Les parents doivent se souvenir, rappelle Françoise Galland, qu’ils sont les premiers responsables de la santé de leur enfant, et qu’à ce titre ils doivent être considérés non pas comme de simples visiteurs mais comme de vrais partenaires de soins. » A titre d’exemple, leur présence est fondamentale pour distraire l’enfant lors d’un soin pénible. En lui tendant son doudou, en lui racontant l’histoire qu’il aime beaucoup ou un chouette souvenir de vacances, le parent détourne son attention de la douleur. Et c’est beaucoup plus efficace que de le plaindre… ou de lui demander d’être courageux !

« Un enfant douillet n’existe pas, rappelle fermement Françoise Galland. La perception de la douleur est subjective, personnelle, variable d’un individu à l’autre. Personne ne peut dire à la place de l’autre combien il a mal. » Il faut toujours garder à l’esprit qu’un enfant reste d’abord un sujet avant d’être un objet de soins. Pour paraphraser Françoise Dolto, un petit sujet mais un sujet quand même.

Best of des phrases qui font mal

• « Serre les dents », « Sois courageux », « Tu es un grand garçon/une grande fille maintenant »

• « Sois sage », « Ne pleure pas », « Il fait du cinéma ! », « Tu étais sage quand papa était là »…

• « Ca va pas faire mal », « C’est rien du tout, juste une petite piqûre », « Tu vas te rendre compte de rien », « C’est de la peur, pas de la douleur »…

• « Tu verras, bientôt, cela ne sera plus qu’un mauvais souvenir », « Si tu es sage, je te ferai un joli cadeau », « Si tu continues à pleurer, tu ne reverras plus ta maman » (véridique !)…

Des mots et des images sur les maux…

Depuis 1993 l’association Sparadrap met à la disposition des enfants et de leurs parents des fiches explicatives sous forme de dessins ou de BD sur chaque examen, la douleur, le fonctionnement de l’hôpital. Y sont détaillés la fonction des soignants, les protocoles de soin, les habitudes propres à l’hôpital, le quotidien d’une journée type, mais aussi les réponses à toutes les questions que les familles se posent… « L’effort de simplification est d’abord destiné à l’enfant que nous considérons comme un sujet qui a le droit de savoir, explique Françoise Galland, cofondatrice de l’association, mais les parents en profitent largement ! Informés, ils parviennent mieux à mettre à distance leur anxiété et à jouer pleinement le rôle de soutien qui est le leur. »

Sparadrap, tél : 01 43 48 11 80 ; www.sparadrap.org

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