Les cours particuliers : une spécialité française

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La France détient un record, celui des cours particuliers. Doit-on s’en réjouir ou en avoir honte ? En tout cas les chiffres augmentent chaque année. En 2011, 33% de nos élèves qui ont passé le Bac ont suivi des cours de soutien scolaire pour le réussir.

Entre réussite sociale et inégalités persistantes, le système scolaire français a permis cet essor du secteur du soutien scolaire privé, qui a explosé ces derniers temps. La faute aux profs ou aux élèves ?

La fameuse déduction fiscale

Prendre des cours particuliers à la maison comporte un avantage non négligeable, et qui plaît beaucoup aux parents, ils sont en partie déductibles des impôts. Pour l’Etat, le professeur particulier est un salarié à domicile, au même titre que la femme de ménage et la baby sitter. La raison officielle, donner les mêmes chances à tous. Sauf que dans les faits, seules les familles qui ont les moyens d’assumer cette charge supplémentaire se le permettent, et les inégalités continuent toujours de se creuser.

L’égalité des chances : une illusion ?

Ce système parallèle ne fait qu’agrandir l’écart qui se creuse entre les familles riches et les revenus moyens. Les revenus supérieurs n’ont aucun mal à payer plusieurs cours à leurs enfants par semaine, d’autant plus qu’ils sont exonérés d’impôt à 50%. Alors les autres n’ont pas les moyens ou doivent se priver pour payer ces cours. Sans compter les disparités sociales entre la filière générale (S, ES, L) et la filière professionnelle (CAP, BEP,..).

Un enfant d’ouvrier non qualifié a 5 fois moins de probabilités d’obtenir un baccalauréat général, qu’un enfant de cadre, mais en revanche 3 fois plus d’obtenir un baccalauréat professionnel, 6 fois plus d’obtenir un CAP ou un BEP et 9 fois plus de n’avoir aucun diplôme. La profession des parents joue encore beaucoup dans la scolarité de leurs enfants.

55 % des élèves de classes préparatoires sont enfants de cadres ou de professions libérales, tandis que seuls 16 % ont des parents ouvriers, inactifs ou employés. L’égalité des chances reste une vision idéaliste du système scolaire.

Course à l’excellence, parents stressés

Les devoirs du soir sont souvent un sujet de discorde entre les parents et les enfants. Soit les enfants ne veulent pas de l’aide de leurs parents, ou les parents n’ont pas les compétences nécessaires, ce qui fait des cours particuliers un bon moyen d’éviter les conflits familiaux. Mais la majorité des élèves qui suivent ses cours ne sont pas de mauvais élèves. Ce sont parfois de bons élèves qui, souvent, veulent obtenir une mention au Bac. Le spécialiste des cours à domicile, Acadomia, estime que 75% des élèves des grands lycées parisiens, type Louis-le-Grand ou Henri IV, sont très consommateurs que ce genre de cours.

Réussir à tout prix, la priorité familiale par excellence. Et pour ça, il faut rentrer dans une bonne école en sortant du lycée. Les enfants sont lâchés dans une course avec de nombreux concurrents à battre, car les places sont chères quand on prétend vouloir intégrer les plus grandes écoles. L’idéal c’est d’avoir une bonne mention au Bac, et donc de mettre toutes les chances de son côté en prenant des cours privés.

Manque d’explications en classe ?

Le problème du manque de travail en classe se pose. Que ce soit du côté des élèves ou des professeurs. Les élèves sont-ils assez attentifs en cours ? Ou les profs ne donnent-ils pas assez d’explications ? Le système scolaire est-il bien adapté ? En moyenne dix matières sont enseignées en classe de terminale. Le programme est lourd, mais aménagé pour être complet et terminé à la fin de l’année. En tout cas il y a quelque chose qui ne va pas dans le système scolaire pour la France soit le premier pays au monde consommateurs de cours particuliers.

Explications en chiffres :

Chaque année, quatre écolier sur dix, soit environ 300 000 élèves, sortent du CM2 avec de graves lacunes : près de 200 000 d’entre eux ont des acquis fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul ; plus de 100 000 n’ont pas fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul ; plus de 100 000 n’ont pas la maitrise des compétences de base dans ces domaines.

Sur les 800 000 élèves d’une classe d’âge, 150 000 quittent l’enseignement primaire sans aucune formation scolaire, ce qui limite leur perspective d’avenir. Les élèves qui réussissent le mieux ne compensent pas cette faiblesse : Les enquêtes internationales montrent que certains pays permettent à 15% des élèves d’accéder au meilleur niveau scolaire or la France se contente d’y amener 5% de ces élèves. Ces 15% de non diplômé (pas de CAP, BEP, BAC…) sont destinés à subir un taux de chômage de 45%. L’année scolaire des écoles primaires françaises est limitée à 144 jours, ce qui en fait l’une des plus courtes du monde.

Etre prof particulier, un business rentable ?

Le marché des cours privés représenterait plus de 2 milliards d’euros. Selon l’Institut national de recherche pédagogique, entre 850 000 et 2 millions d’élèves prennent des cours à la maison. De nombreux professeurs choisissent de compléter leur salaire par un revenu complémentaire en assurant des cours du soir.

D’autres ont choisi de ne donner que des cours aux particuliers. Ce qui leur permet de définir eux-mêmes leur agenda, et ne pas avoir une administration derrière. Sans oublier la rentabilité, certains facturent l’heure 50 euros. Les étudiants aussi profitent largement de ce système. Ils sont nombreux à choisir cette option pour arrondir les fins de mois, ou payer leurs études. Etudiants, organismes spécialisés, profs titulaires, qui sont ces compléments qui profitent du système scolaire ?

Plusieurs organismes spécialisés se partagent le marché comme le plus célèbre Acadomia. Et ils sont les premiers à profiter de ce système : « Certains élèves butent dans l’apprentissage d’une matière. D’autres se heurtent au système scolaire ou aux méthodes de travail proposées. D’autres encore veulent améliorer leur dossier scolaire pour pouvoir intégrer la filière de leur choix. » Voici ce qu’on peut lire sur le site internet. Quelques-uns visent même l’excellence : grandes écoles ou universités réputées en France ou à l’étranger.

Reste à savoir qui sont vraiment les profs de ses structures, et s’ils ont le niveau pour enseigner, car bien souvent ce sont des étudiants qui n’ont pas une formation d’enseignant.

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