Comment ne pas abîmer son enfant ?

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Le devoir de reconnaissance tu lui épargneras.

« Avec tous les sacrifices ce que j’ai fait pour toi ! » : à bout d’arguments pour le convaincre de se plier à notre demande, on finit par sortir l’arme fatale : le chantage affectif. « Peu d’entre nous échappent à cette « dette de vie », analyse la psychologue. Pour nous en délivrer, nous quittons père et mère pour aller à la rencontre de l’autre sexe, transmettre la vie à notre tour et prendre place dans la société. Mais lorsque l’enfant est sans cesse exhorté à témoigner de sa « reconnaissance », lorsqu’il est en « débit bancaire chronique », la « dette », excessive, paralysante, peut l’empêcher de devenir adulte et parent pour rester à jamais l’enfant de ses parents. »

Pas trop de projections sur lui tu feras.

C’est normal et utile d’avoir des rêves et des aspirations pour son enfant. « Mais lorsque nos exigences l’empêchent d’être ce qu’il est, entravent l’émergence de ses désirs, l’enfant ne peut s’épanouir », analyse Virginie Dumont. Il n’est alors guidé que par le « fais plaisir » ou le « sois gentil », qui envoient ensuite tant d’enfants devenus adultes chez le psy ! Selon la psychologue, le culte de la performance est peut-être aujourd’hui la plus menaçante des pression. « Fais un bon métier » est le leit-motiv de nombreux parents angoissés par la crise. Mais que signifie « bon » ? « Celui qu’on a choisi pour son enfant ? Le nôtre ? Celui qu’on aurait aimé exercer ? A méditer…

Cohérent tu seras.

Rien n’est plus déstabilisant pour un enfant qu’un parent qui pratique régulièrement l’ « injonction paradoxale », cet art qui consiste à dire une chose et son contraire, ou à dire quelque chose et à exprimer le contraire, comme par exemple disputer son enfant parce qu’il est trop sur l’ordinateur et être soi-même incapable d’en décrocher, dire à son enfant « je t’aime » sur un ton agacé, ou lui demander d’être libre et autonome dans la vie tout en veillant à ce qu’il réponde constamment à nos besoins, à nos désirs. « Si un parent pratique en permanence cette « double contrainte » – grandis mais pas trop, deviens un adulte mais reste un enfant, affirme-toi mais fais-moi plaisir -, l’enfant sera sans doute exposé à des difficultés existentielles (« Qui suis-je ? Quel être mon parent veut-il que je devienne ?) qu’il aura du mal à surmonter », prévient le philosophe Michel Lacroix, auteur de « Paroles toxiques, paroles bienfaisantes, pour une éthique du langage » (Robert Laffont).

Les étiquettes et les phrases assassines tu fuiras.

« Une maladresse ponctuelle, un mot « de travers », prononcé sous le coup de la colère, de l’agacement, de la fatigue n’est pas grave, souligne Michel Lacroix. Ce sont lorsqu’elles deviennent des tics de langage, des habitudes syntaxiques, que ces paroles deviennent délétères. Ce « t’es bête » ou « t’es méchant » prononcé à tout bout de champ risque en effet de se sédimenter, avec une conséquence redoutable : l’enfant se construit autour et avec cette étiquette. Une fois adulte, il pourra passer des années, voire sa vie entière, à tenter de décoller cet adhésif qui lui colle à la peau… L’étiquette est une prison mentale. Quant aux petites phrases qui font du mal (voir encadré), je crois qu’elles sont d’autant plus toxiques qu’elles ne sont pas perçues comme telles, qu’elles sont distillées dans le suc d’une parole affectueuse ou dite « objective » : « Eh oui, tu es une tête de mule, c’est comme cela ». Ce sont bien souvent des paroles d’amour empoisonnées. »

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