Comment ne pas abîmer son enfant ?

0
14848

Le moins possible la télé tu allumeras.

La télé, inoffensive ? C’est qu’on aimerait croire tant elle nous est devenue indispensable pour nous vider la tête après une journée de travail, garder les enfants tranquilles, ou simplement souffler… Pourtant, dans un livre édifiant, « TV Lobotomie : la vérité scientifique sur les effets de la télévision » (Max Milo), Michel Desmurget, docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm, démontre, études scientifiques à l’appui, que le petit écran est un vrai fléau affectant (entre autres) le développement cognitif d’une façon directe (problèmes attentionnels, retards de langage, difficultés en lecture, assèchement de la créativité et de l’imaginaire…) mais aussi indirecte (moins de temps consacré à la lecture, aux devoirs, désordres du sommeil). Le résultat est terrifiant : « Deux heures de télé par jour à la maternelle et l’enfant aura entre trois et six fois plus de risques de souffrir de retards de langage. » Mais ce n’est pas tout. « La télé prévient aussi l’ennui, souligne le chercheur. Or l’ennui est un espace constructif, dans lequel s’articulent des pensées, des rêves, des projets. Une étude récente a montré que l’ennui provoque aussi une forte activation des aires cérébrales impliquées dans les processus de raisonnement projectif et de résolution de problèmes. » A la lecture de ces données, on comprend mieux pourquoi « une heure de télé par jour à l’école primaire augmente pour l’élève de 43% le risque de devenir un adulte sans diplôme »…

Les institutions tu respecteras.

« Jeter le discrédit sur les institutions (éducation nationale, police, justice…) revient à contester leur autorité, et à remettre en question la société dans laquelle on vit, fait remarquer Virginie Dumont. Ce qui n’encourage guère un enfant à grandir. Cela ne signifie pas qu’il faille perdre tout sens critique, toute capacité de discernement, mais il y a un fossé entre reconnaître que « oui, en ce moment, ça ne fonctionne pas bien dans telle institution » et affirmer péremptoirement que « tous les fonctionnaires sont des imbéciles paresseux » ! Or force est de constater que dénigrer l’éducation nationale, par exemple, est devenu un sport national : si l’enfant a des difficultés de lecture, c’est la faute de la « nouvelle méthode » ; s’il est insupportable en classe, c’est que l’enseignant manque d’autorité, il est tellement mignon à la maison ; les matières enseignées ne servent à rien, la preuve, tout oublier n’empêche pas de réussir dans la vie, etc. Attention à ne pas décrédibiliser les adultes qui s’occupent de votre enfant dans leur fonction… Ni à surdramatiser, poursuit Virginie Dumont. Voir la vie comme une menace perpétuelle, trouver que « tout fout le camp de nos jours »… n’est pas la meilleure manière de donner confiance à l’enfant dans son avenir. S’il faut le sensibiliser aux risques majeurs d’aujourd’hui (accidents de la route, drogues, sida…), pas question pour autant de construire un discours éducatif basé sur l’angoisse et la peur, voire de relayer le catastrophisme de certains messages de prévention, comme « Manger tue ! », qui peuvent être mal interprétés par les enfants les plus fragiles… »

En adulte tu te conduiras.

Fini l’autoritarisme, bonjour l’écoute, le dialogue, la proximité. Et tant mieux. Nous n’avons jamais été aussi proches aujourd’hui de nos enfants. Mais à vouloir coûte que coûte transformer la famille en havre en paix, « certains parents traumatisés par leur éducation trop rigide ne recherchent que le bien-être au travers de relations gratifiantes avec leurs enfants, au mépris parfois de leur rôle de tuteurs et de guides », constate Béatrice Copper-Royer, psychologue-psychothérapeute. Or, comme l’explique l’auteur de « Vos enfants ne sont pas de grandes personnes » (Albin Michel), « les enfants ont besoin d’un modèle mais aussi d’un cadre structurant pour grandir. En se comportant en copain, en invitant son enfant à partager son intimité, le parent va à l’encontre du processus d’individuation qui tend à la séparation, à l’autonomie, à la recherche d’altérité. Affirmer qu’on n’est pas sur la même marche générationnelle lui permet de comprendre les liens de filiation et d’accéder à son identité sexuelle. Sans compter, souligne la psy, que jouer la proximité cache parfois des sentiments moins avouables : peur de vieillir, désir inconscient de garder son enfant pour soi ou de l’utiliser comme substitut à un conjoint défaillant… »

* je, tu , il…

Pour en savoir plus : http://www.jetuil.asso.fr

Les phrases qui « tuent »

– « Tu étais vraiment mignon quand tu étais petit »

– « Tu vas me rendre folle ! »

– « Mais qu’est-ce que j’ai fait pour avoir un enfant pareil ? »

– « Laisse tomber les maths, c’est pas ton truc »*

– « Si tu continues de pleurer, je te laisse ici et tu te débrouilles pour rentrer tout seul à la maison »*

– « Moi, je suis grand, j’ai le droit »

– « Tu ne veux pas me faire un bisou ? Ca m’est égal, de toutes façons, je ne t’aime plus ! »*

– « Tu as encore fait tomber ton verre, qu’est-ce que tu peux être maladroit ! »*

– « A cette heure-ci, tu aurais dû terminer tes devoirs, c’est pas comme ça que tu vas réussir tes examens ! »*

* extraites de « Devenez un parent coach » de Brigitte Gicquel-Kramer et Christine Dimajo-Donati (Editions J.Lyon)

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.