Les adonaissants

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Adonaissants : purs produits marketing ?

De là à dire que la préadolescence est une pure invention, il n’y a qu’un pas, qu’il est bien tentant de franchir allégrement ! Tout du moins peut-on supposer que la préadolescence est un créneau intéressant pour les communicants de tous poils. Des enfants déjà grands, très informés mais pas encore en révolte contre le système au contraire de beaucoup d’ados…

De grands consommateurs et prescripteurs en puissance ! François de Singly, sociologue spécialiste de la famille, sortait il y a deux ans Les Adonaissants, synthèse d’une série d’enquêtes auprès de jeunes français et allemands de onze, douze ans.

Il est intéressant de noter au passage que le titre de son ouvrage lui était inspiré par la société Junium, agence de communication qui cible les enfants et les ados (voir encadré) ! François de Singly expliquait le choix de cette tranche d’âge  dans les Cahiers Pédagogiques de janvier 2007 : « Si j’ai choisi ces jeunes de onze, douze ans, c’est parce que j’estime que socialement l’adolescence a été construite comme l’âge autorisant explicitement la revendication d’une identité personnelle d’une part, et parce que je pense que l’adolescence s’étend au-delà des frontières dessinées dans les décennies antérieures du fait même de l’extension généralisée du processus d’individualisation ».

Devenir grand, devenir soit, cette urgence de l’adolescence que l’on ressent malgré soi serait donc devenu une exigence que les enfants ressentiraient de plus en plus tôt  mais qui n’aurait rien à voir avec de quelconques bouleversements physiologiques ? Nous sommes en effet très loin du processus de puberté inhérent à l’adolescence, de cette interaction entre le corps et l’esprit, palpable, hormonale, vitale.

La préadolescence – préfabriquée? – aurait-elle bel et bien détrôné l’adolescence, la vraie ?
Que l’on se rassure, il n’en est rien. Quand on regarde de plus près ces les adonaissants de François de Singly, la réalité est beaucoup plus nuancée.

« L’adonaissance, ce n’est ni la rupture du lien de filiation, ni le maintien de cette identité dominante. C’est un temps pendant lequel le jeune cherche ses marques, plus générationnelles que personnelles afin de se prouver et de prouver aux autres que son identité ne se réduit pas à son appartenance familiale »
précise le sociologue. Ce n’est pas encore l’âge où l’on n’a que l’envie de claquer la porte et de tout envoyer valser, plutôt celui où l’on a juste envie de l’entrebâiller de temps en temps… On sait que le grand saut sera pour plus tard.

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