Témoignages, ils ont vécu le harcèlement scolaire

0
9280

Coline, 19 ans.

J’ai commencé à être victime de harcèlement en CM2 suite à un souci de santé et des problèmes familiaux. Au début je n’avais conscience de rien je me sentais responsable de ce qui m’arrivait. Il s’agissait de violences morales et physiques. J’ai pris la décision d’ignorer mes harceleurs, mais nous n’ignorons jamais totalement les méchancetés gratuites des enfants. Ce fut sans aucun doute les pires années de ma courte vie. Je suis arrivée à un stade où je refusais de retourner à l’école, et mes parents ont compris qu’il se passait quelque chose, mais ne connaissaient pas l’ampleur de ce que je pouvais subir. J’ai dédramatisé pendant tellement longtemps que j’ai fini par moi-même croire que ce qui m’arrivait n’était pas grave. C’est aujourd’hui que je me rends compte que ça l’était vraiment.

Dans le harcèlement je pense que le pire est la solitude. D’autant plus qu’à l’époque ma famille ne tenait qu’à un fil. Il n’y a pas de profil type de harceleur : filles, garçons, de tous niveaux sociaux confondus, bons ou mauvais élèves… Quand il s’agit d’être méchants, les enfants sont toujours là et ne comprenant pas les répercussions que cela peut avoir. J’ai mis beaucoup de temps à en parler à mes parents sachant qu’ils avaient d’autres soucis à gérer. puis quand j’ai demandé à consulter des psychologues, ils se sont posé des questions. Mon père a toujours été beaucoup plus en retrait face à tout ça, contrairement à ma mère qui a essayé tant bien que mal de me soutenir. Mes parents sont dévorés par la rage et la tristesse. Ils n’auraient jamais imaginé ça pour leurs deux filles. Je ne sais pas trop comment ils l’ont vécu réellement, sûrement comme des parents brisés, ce qui est tout à fait compréhensible. Les établissements scolaires ne mettent rien en place pour les enfants en détresse, bon nombre d’entre eux n’ont pas d’infirmière scolaire ou de zones d’écoute.

Pour que cela n’arrive plus, il faut en parler, parler des conséquences graves et de longue durée. Les parents doivent être informés et il faut inciter les enfants victimes de harcèlement à briser le silence avant que des actes regrettables ne se produisent.

Léa, 25 ans

J’ai été victime de harcèlement de la 5ème à la 3ème. Je souhaite témoigner car je vois que des enfants qui ont vécu la même chose que moi se suicident à cause de la méchanceté d’autres enfants. Dès le premier jour de 6ème, je me suis sentie différente des autres : en effet je ne me maquillais pas, ne parlais pas aux garçons, ne portais pas de strings, ne fumais pas, ne buvais pas. Les autres venaient vers moi uniquement quand j’avais des beaux vêtements ou quand ils avaient besoin que je leur fasse leurs devoirs ou pour copier sur moi, ce que j’acceptais évidemment. J’étais très bonne élève et j’étais arrivée première de la classe ex-aequo avec une fille populaire. Mais à la fin du trimestre, j’ai eu les félicitations et pas elle. Sa mère est allée voir le collège et a remué ciel et terre pour qu’elle aussi obtienne les félicitations, en vain. Cette fille a alors monté une bonne partie de la classe contre moi. Tous les jours c’était des insultes. On m’a coupé les cheveux dans le couloir, craché dessus, fait des réflexions sur mon physique, volé mes affaires, on se moquait de moi quand je me changeais dans les vestiaires et j’en passe … C’était quotidien.

Ma mère était intervenue une fois dans ma classe en 3ème mais après, ça a été pire. Après 4 ans à pleurer tous les soirs, mes parents m’ont inscrit dans un autre lycée où j’ai passé les meilleures années de ma vie. Je prends la parole pour dire que le profil du harceleur n’est pas forcément la petite brute à laquelle on pense, mais plutôt dans mon cas, des gamins considérés comme “populaires” (et gâtés pourris par leurs parents) et la foule qui les suit “pour rentrer dans le moule ou gagner des points de popularité”. Chaque enfant est différent et la critique (trop gros, trop intello, trop belle, trop roux, trop machin ….) est facile, mais je pense qu’ils s’attaquent surtout aux plus sensibles et aux plus gentils, ceux qui se laissent faire et qui n’osent rien dire. De plus, les professeurs ont complètement ignoré la situation, car pour eux, ça n’était que des chamailleries d’enfants qui devaient rester dans le cercle de ces derniers.

Parents attention, si votre enfant ne vous parle pas de cela ce n’est pas qu’il n’a pas confiance en vous, c’est qu’il a juste honte. En effet, le bien-être social est presque aussi important que la vie de famille ou une vie professionnelle épanouie, surtout à l’âge de l’adolescence où l’on se cherche. Le sentiment d’appartenance est très important. ne pas arriver à s’intégrer dans un groupe est alors perçu comme un échec, le dire à nos parents (en plus de la peur de leur réaction) c’est aussi l’admettre. Il faut alors doubler de vigilance. Je voudrais dire aux enfants qui subissent ça, qui ont peur et mal au ventre en allant à l’école : ça ne dure pas. de plus, il est très important d’en parler à vos parents et essayer de trouver des solutions. n’oubliez pas ce n’est pas parce que les autres vous ont pris pour le souffre-douleur que vous êtes “inférieur” à eux, ce sont eux les pourris. Gardez la tête haute.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.