La grossesse est pour la femme un temps singulier, une étape semée de nouveautés – sources de plaisir… mais pas que ! – pendant laquelle il vous faudra apprendre à connaître un nouveau corps tout en rondeur. C’est donc le moment idéal pour prendre soin de soi, afin d’appréhender les petits obstacles à venir avec sérénité. Au rayon de la préparation à l’accouchement, les options sont nombreuses. Le yoga en fait partie, à un titre un peu particulier : il s’agit d’une discipline qu’on peut poursuivre tout au long de la vie, et qui peut devenir une véritable philosophie.
Rendez-vous est prit chez Qee, « centre de pratiques douces » du 9ème arrondissement parisien. « Un lieu pour déposer ses soucis, pour prendre soin de soi, pour recharger ses batteries », annonce la brochure. Les futures mamans qui viennent assister au cours de yoga promettent d’être à l’écoute de leur corps… A peine passé le pas de la porte, en effet, l’ambiance zen est au rendez-vous. On a bien envie de laisser son anxiété devant la porte de la salle et de prendre soin de soi, même si ce n’est que pour une parenthèse d’une heure. Arrivées dans la salle de yoga, six femmes, toutes à des stades différents de leur grossesse, s’installent sur les tapis de sol déposés en rond. Pour l’instant, les tensions bien familières aux femmes enceintes se lisent sur les visages. Sandrine, professeure de yoga qui affiche un sourire bienveillant, prend place parmi elles. On commence par inspirer en étirant son dos, expirer en relâchant les muscles. Les postures s’enchainent tout en douceur. « Si vous ne vous sentez pas à l’aise dans cette posture, revenez à la précédente », insiste Sandrine, soucieuse que chacune y trouve son compte, en fonction de la rondeur de son ventre et de son énergie.
Ici, on ne cherche pas la performance : « D’autres professeurs vont chercher à faire une pratique prénatale plus tonique. Moi, je considère que c’est surtout de relaxation que les femmes enceintes ont besoin. On est à Paris, les femmes sont suffisamment dynamiques ! Quand elles viennent ici, elles ont besoin de tout relâcher. » La plupart des femmes enceintes qui participe à ses cours de yoga n’a pas de pratique en dehors, et n’en a souvent jamais fait avant d’être enceinte. Mais quand on attend un bébé, le corps change et bien souvent, cela s’accompagne d’inquiétudes dont on aimerait bien se passer. « Souvent, ce stress et cette anxiété se manifestent par des douleurs caractéristiques de la grossesse. Douleurs au dos, poitrine qui prend un volume qu’on a du mal à gérer… » Surtout, Sandrine considère que pendant ces neuf mois, plus que jamais, il s’agit de bien connaître son corps. Et nombre de femmes qui participent à ses cours ne le connaissent pas suffisamment. « Par exemple, certaines ne savent pas que leur bassin va effectuer des micro-mouvements pendant l’accouchement, qui aideront le bébé à sortir. En fortifiant cette zone grâce à de petits exercices et en pratiquant ces mouvements avant l’accouchement, on peut prendre de l’avance. Et même si la plupart d’entre elles accouchera en clinique, en position allongée, statique… C’est bien qu’elles sachent qu’elles peuvent bouger et qu’elles comprennent comment ça peut les aider. »
Posture suivante. Assise en tailleur, les épaules relâchées et les genoux posés sur des coussins, chacune entrelace ses doigts pour décrire des mouvements circulaires avec les poignets, tout en douceur. « La blessure la plus fréquente chez la jeune maman se situe aux poignets », explique Sandrine. « C’est une zone qu’on stimule peu pendant neuf mois, et qu’on se met à solliciter à tors et à travers pour porter bébé toute la journée. C’est important de la faire travailler avant d’accoucher. » De même, certaines postures permettent d’ajuster la position d’un bébé un peu trop haut, ou un peu trop bas, ou de lui laisser plus de place, pour le confort de tout le monde.
Quand on lui demande dans quelle mesure le yoga peut aider au moment de l’accouchement, Sandrine reste pragmatique : « Evidemment, ça peut aider quand on travaille autour de la respiration. Si on a une pratique qui se rapproche de la méditation, ça aide à modifier sa posture. Malheureusement, un accouchement médicalisé et monitoré ne laisse pas de place pour tout ça. » Dans tous les cas, le yoga permet de mieux connaître son corps : « C’est à dire emmagasiner plus de ressources physiques et mentales pour l’accouchement. Un vrai plus ! »
Pour que les bénéfices soient vraiment effectifs, pas de secret : un couple qui va dès le début s’intéresser aux médecines douces, aux pratiques alternatives et à la relaxation sera plus à même d’apprécier le yoga prénatal. « Quand on est dans un circuit médical traditionnel, on est fatalement moins ouvert au ressenti, à la compréhension du corps, aux émotions : en faisant du yoga prénatal on tire forcément du bien-être, de la tranquillité, mais on exploite pas ces bienfaits dans leur totalité. »
A la fin du cours, chacune sait quelle posture elle peut refaire chez elle. Une réponse à presque tous les maux de la femme enceinte, à reproduire à la maison quand elle en a besoin. « Et vous pouvez aussi l’enseigner à votre partenaire ! », invite Sandrine. « Parfois, les papas veulent participer mais ils ne savent pas comment. En pratiquant le yoga à deux, on partage quelque chose d’unique qui nous rapproche des sensations que peut connaître la femme enceinte. »
La plupart des adeptes du yoga prénatal commencent les cours à partir du sixième mois, parfois avant, en fonction de leur activité professionnelle. En tous cas, le plus tôt est toujours le mieux. Et une fois que les futures mamans disparaissent de son cours, Sandrine sait qu’elle les reverra peut-être dans son cours de yoga « Maman-bébé » : un cours qui met un point d’honneur à la découverte du lien affectif et corporel entre la mère et son nouveau-né. Ce qui est sûr, c’est que la première chose que ces femmes viennent chercher chez Qee, c’est un instant pour elles, ou chacune trouve ce qui lui faut pour vivre son nouveau rôle de mère avec sérénité.
Qee, Centre de pratiques douces & yoga
46, rue de la Victoire / 39 rue de Châteaudun
75009 Paris
Tél. : 01 40 16 08 00
